Wednesday, December 26, 2018

Et si le cerveau était bête ? Nick Chater


Freud est mort, son oeuvre aussi.

Oubliez l'inconscient, ces concepts que l'on vous a enseignés en philosophie.


Formule outrancière ou simple mise à jour dans les sciences du comportement ?

Dans cet ouvrage, Nick Chater professeur de sciences du Comportement à la Warwick Business School va vous exposer sa démonstration. Le cerveau est fourbe, il s'adapte, il évolue au gré des événements, il est malléable.


Pourquoi n'a-t-on pas bâti l'IA en se servant de l'esprit humain ?
Pourquoi passez-vous à côté de certains éléments de votre environnement ?
Pourquoi l'esprit humain est-il si complexe à appréhender ?
Pourquoi la métaphore et l'imagination sont-elles le propre de l'homme ?


Cet essai est destiné (à mon avis) à des non néophytes, étudiants, philosophes, chercheurs, mais chez les néophytes pourvu qu'ils prennent le temps de le découvrir, l'auteur interpelle, agace parfois, tant il part d'une idée et ne la remet pas en question.

En tout cas, on y apprend que les sciences du comportement sont un terrain fertile à la recherche, à l'étude du comportement.
Par ses exemples et par extrapolation, Chater nous montre pourquoi les valeurs, les causes ne restent pas forcément dans le coeur des hommes ad vitam aeternam.

Un livre à découvrir, à offrir aux grands admirateurs de Sigmund Freud, afin de générer des conversations intéressantes...

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Thursday, November 15, 2018

le festin du serpent, Ghislain Gilberti

An-Naziate est un groupe terroriste islamiste nomade qui sème la mort en Europe.
Dernière cible en date : Paris.
Pour le traquer, Ange-Marie Barthélémy surnommé l'archange, une sommité dans l'antiterrorisme.

Cécile Sanchez est une flic brillante, capable d'esquisser le portrait psychologique d'un tueur à partir d'une scène de crimes. Elle est celle que l'on appelle lorsque les investigations n'avancent plus.
Depuis quelques temps, elle traque un serial killer qui éviscère ses victimes originaires du Moyen Orient.


Avec Ghislain Gilberti, vous embarquez pour de la littérature adrénaline, ce style efficace où vous vous retrouvez sur le fil du rasoir d'un bout à l'autre, où vous tournez les pages parce que vous crevez d'envie de savoir.

Dès la première scène, celle de l'attentat, on est happés dans le quotidien de ces tueurs, mais aussi de leurs traqueurs. C'est efficace, percutant, visuellement très parlant.

Gilberti a ensuite créé deux personnages exceptionnels. D'un côté Sanchez cette flic qui a sacrifié sa vie personnelle pour mener ses investigations. Par l'observation,par la psychologie, elle se révèle une enquêtrice hors pair, ce qui ne l'empêche pas de défendre son équipe au passage.

De l'autre côté, l'Archange, personnage marqué par la vie et assez taciturne.
Je lui reprocherai juste son côte politiquement correct dès qu'une réflexion misogyne ou raciste affleure, comme s'il fallait que le héros soit absolument blanc comme neige. Et pourtant, il se montre parfois salaud notamment avec sa taupe infiltrée dans ce groupuscule terroriste.

Le festin du serpent fonctionne car l'intrigue comporte son lot de rebondissements, de situations tendues.
J'ai repensé à un certain moment de Boulogne K, de Michel Vigneron, parce qu'avec Gilberti, on n'est pas dans la série américaine toute lisse non plus. Il y a des morts, des blessés, des gueules cassées ai-je envie de dire, du dommage collatéral dès lors que des ordures détournent le message religieux.
Il y a un truc dans son bouquin, un truc exceptionnel, le suspens et aussi un message de tolérance curieusement.


ce livre a valu à l'auteur d'être agressé, preuve que ceux qui l'ont attaqué ne l'ont pas lu ou qu'ils cautionnent l'extrémisme.

Pour moi, ce roman de Gilberti est un très bon roman et on ne peut que déplorer que le cinéma ne s'y soit pas intéressé, parce qu'il y a une patte, une patte de maître du polar, de la narration.
bravo









Sunday, November 04, 2018

BD la lignée /Berlion Felix / Galandon Delaporte


On est en 1937. Parce qu'on lui a dit qu'il mourrait à 33 ans, comme ses aïeux, Antonin décide de suivre sa maîtresse et d'aller combattre en Espagne aux côtés des Républicains.
un contexte historique intéressant, une absence de manichéisme, un scénario élaboré et l'on suit cet homme dans un engagement sans conviction aux côtés des opposants au franquisme.
Le tout sur fond de cette malédiction


1954 Marius est le fils d'Antonin, il est devenu prêtre et se retrouve à brest, confronté à la misère ouvrière d'après-guerre. C'est un tome intense où les luttes sociales s'avèrent âpres dans un pays qui vit encore l'après guerre, la reconstruction.
Une fois de plus la malédiction nous permet de découvrir l'engagement des uns, les faiblesses des autres

1973 : fils d'un prêtre Maxime a décidé de vivre la vie à 100 à l'heure, c'est l'époque de l'insouciance, du rock, de la drogue, de la défonce, de l'hédonisme. une fois de plus les scénaristes choisissent un contexte qui nous déstabilise parce qu'il n'est pas forcément très connu.
Une fois de plus, la malédiction demeure obsessionnelle, jusqu'à susciter des décisions lourdes de conséquences pour maxime et ses compagnons de voyage


1994 : David et Diane, jumeaux, enfants de Maxime, convaincus que la mort va frapper l'aîné l'année de ses 33 ans.
Elle est artiste, vit à paris. Lui se retrouve au Rwanda, à la veille du génocide.
C'est un tome qui vous serre la gorge car il est violent, que ces faits, nous les avons vécus, traversés.


un dessin au service d'un scénario fort et audacieux, des faits divers authentiques qui servent de trame de fond, tout dans cette bd m'a plu, y compris ce fantastique borderline.
J'ai été enchanté de découvrir une BD dynamique qui pose des questions, nous invite à nous confronter à notre époque.

Empruntée à la médiathèque, je ne puis que vous la recommander pour la lecture !

Sunday, September 23, 2018

le carnaval aux corbeaux, A Hauchecorne

Foisonnant : lorsque j’évoque l’univers (que dis je les univers) d’Anthelme Hauchecorne, voici le qualificatif qui me vient à l’esprit.
Cet auteur qui a démarré chez Lokomodo est un orfèvre de la langue française, il joue avec, la sculpte, la modèle, la façonne, la découpe, la fait plier à ses désirs tel un artisan consciencieux.
Soutenu par des illustrations en nb de M Coudray et L Canavaggia (belles mais pas toutes au même niveau à mon avis), ce roman est tout simplement magnifique.
Amateurs de fantastique, oubliez Harry Potter, ici l’auteur invente, mélange les mythes, les triture et génère des visions insolites.
Il y a un travail véritable de ce romancier

A la suite de Ludwig Poe et de Gabriel Grimm, deux enfants, on découvre cette malédiction pesant sur Rabenheim ainsi que ces forains exubérants, venus d’on ne sait où. L’intrigue très riche nous réserve de nombreuses surprises, des rebondissements bien amenés. Ainsi l’auteur exerce son emprise.
On ne lâche pas le carnaval aux corbeaux car rien n’y est aussi simple qu’on voudrait le croire.

C’est beau, c’est très bien écrit, on s’en délecte et tout ça pour moins de 20 euros.
Bref s’il vivait dans un pays anglophone, Anthelme verrait son livre adapté au ciné illico presto.
Hélas il habite en France et l’on ne peut que vouloir voir cet ouvrage passer les frontières.
La foire des Ténèbres de Bradbury m’avait marqué, aujourd’hui, c’est le carnaval aux corbeaux.

UNE EXCELLENTE LECTURE.

Wednesday, August 22, 2018

L'homme craie, CJ TUDOR

Une bande d'adolescents, 4 garçons, une fille, une menace qui plane, mystérieuse. un meurtre abominable...
Des amis qui vont se retrouver adultes 30 ANS PLUS TARD pour se confronter à la vérité.

Ainsi résumé ce roman vous donne l'impression que vous allez lire un remake de ça de stephen king.
Pourtant, il n'en est rien.

Commençons par évacuer ce qui rappelle furieusement King, cette bande de paumés dans une petite ville entre ados horribles et menace omniprésente, une certaine scène lors d'un enterrement qui est un repompage en quelque sorte d'une scène de Simetierre.


Maintenant attaquons nous à l'histoire.
Eddie, Gav, Mickey Hoppo et Nicky sont des gamins des années 80 formant une bande dans une ville tranquille d'Angleterre.
Tranquille en apparence car certains événements vont perturber le quotidien de la cité, entre un accident de fête foraine aux conséquences dramatiques, des manifestations contre une clinique défendant le droit à l'avortement et des meurtres.

Alternant la narration entre le passé (1986) et 2016, l'auteur nous embarque rapidement dans son récit.
Certaines zones d'ombre du départ vont devenir ainsi des points cruciaux, les chapitres s'enchainent, admirablement écrits pour vous donner l'envie de tourner les pages. Et tandis que les héros communiquent avec des bonshommes en craie, les tragédies les rattrapent.
et si révéler le passé était fatal ?


Pour un premier roman, on sent le sens de la narration chez l'auteur scénariste. Les scènes sont très visuelles, efficaces. les rebondissements s'enchaînent jusqu'à un dénouement un peu tiré par les cheveux à mon humble avis.

Très bonne lecture d'été, l'homme craie prend des influences chez le King, mais sur un ressort classique en apparence, il OFFRE une histoire sympathique.

A partir de maintenant les critiques sont doublées sur mon site d'auteur https://www.jess-kaan.fr



Wednesday, July 11, 2018

Recette d'amour et de meurtre, Sally Andrew

Prenez un premier roman d'une auteure sud africaine,
ajoutez y un "déjà traduit dans 12 langues"
agrémentez d'un bandeau "le roman culinaire le plus savoureux de l'année"
saupoudrez d'une couverture retro minimaliste
prenez aussi une pincée de 4eme de couverture lamentable...




Et vous voulez d'abord un résumé ?
L'argument commercial ne vous botte pas ???
quoi les lecteurs ont des têtes de cochon ?
Quoi ils ne sont pas hypnotisés par ce côté commercial ???

donc
Tannie Maria vit dans un coin de campagne d'Afrique du Sud, elle bosse dans une feuille de chou et se voit confier la rubrique courrier du coeur...Elle y répond toujours en envoyant des recettes de cuisine... (OUI VOUS AVEZ BIEN LU, je n'ai pas abusé du potjevleesch ni du mojito)
Un jour l'une de ses lectrices est assassinée et la voilà plus ou moins mêlée à cette affaire avec ses bonnes copines et des policiers sans grand charisme...


Alors franchement, ça se veut dans la veine des détectives d'Agathie Christie, sauf que pour l'humour et le flegme britannique vous repasserez.
L'héroïne règle tout à coup de bouffe (les recettes dans le courrier du coeur, mais franchement oh à l'os quoi ???), elle rencontre des personnages toujours décrits selon leur habillement, vit une vie rurale qui pourrait être mieux mise en valeur au lieu de résumer à l'accueil des poules, les couleurs des paysages. Et pendant des centaines de pages, on attend en vain qu'il se passe quelque chose d'intéressant... Autre que le moment où l'on mange pendant une battue, que l'héroine doit cuisiner pour le tueur qui est absolument banal...
Car évidemment, je me suis fadé l'intégralité...

Bref, ce livre est une pure daube.
A l'heure où les auteurs français brandissent le hashtag LES AUTEURS MEURENT, publier ce truc est une honte à mon sens.

C'est mal écrit, 1/10 du bouquin est consacré à des recettes de cuisine, les termes sud africains apparaissent dans les phrases pour faire couleur locale... Heureusement on a un glossaire situé à la fin.


PS : Madame l'auteure, un homme aussi peut acheter une laitue !

Friday, June 29, 2018

Pierre Lemaitre, ROBE DE MARIE

Depuis la disparition tragique de son compagnon, Sophie est folle. Elle a des absences dans sa vie, et durant ces absences, elle tue... Comme ce petit garçon dont elle avait la garde.
Une solution s'impose à elle, fuir, fuir le monde, fuir loin d'elle même...
Mais si tout ceci n'était qu'une partie de la vérité ?



Une femme sur le fil du rasoir, une première partie ardue qui plonge le lecteur dans le doute... Le déstabilise autant que l'héroïne.
Quelle tragédie a conduit Sophie à la lisière de la société ?
D'emblée, Pierre Lemaitre joue avec son public, le malmène. Crimes violents, femme perdue, on ne sait pas ce qui se passe. On en vient à s'interroger sur la véracité des faits. Sophie a-t-elle tué ? Rêve-t-elle ? on est là dans la suspension d'incrédulité si proche du fantastique classique (vous savez celui de la Peur de Maupassant, pas des Twilights et autres conneries du même genre).

Les pages se suivent, on est happé par cette cavale, cette femme qui tente de lutter, de ne pas sombrer...

Puis vient la seconde partie, comme une claque dans la figure ou plutôt une leçon magistrale d'écriture, un retournement inattendu.
Une autre façon d'appréhender le roman.

Pierre Lemaître sait jouer avec les nerfs de son lectorat, le confronter à la violence des hommes, à leur bassesse.
Il dépeint des personnages si justes qu'ils en sont troublants, un peu comme dans Cadres noirs (dont je vous avais déjà entretenu).

Une efficacité dans l'écriture, dans la mise en scène nous plonge dans une réalité détraquée, où les bons ne gagnent pas forcément, où le mal se terre, observe.

Mais le roman ne s'arrête pas là...

Je fais le choix d'une courte chronique car je ne voudrais pas déflorer l'intrigue.
En tout cas, on se trouve dans une thématique similaire à Juste UNE Ombre de Karine Giebel.
Deux livres dérangeants, deux livres efficaces, deux livres qui réduiront votre temps de sommeil.

Robe de Marié est un roman formidable à la construction impeccable.
Si vous ne l'avez pas encore lu, foncez.

Je ne mets plus de lien vers Amazon
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Friday, June 22, 2018

L'instinct Maternel, Barbara Abel, Editions le Masque

Pendant des années, Jeanne a vécu dans l'ombre de son mari fortuné Richard. Issue d'une famille modeste, elle a accepté les infidélités, les humiliations, jusqu'au jour où elle s'est emportée...
Alors qu'une nouvelle vie devrait commencer pour elle, c'est l'enfer qui va se révéler à sa porte. En effet, Richard l'a déshéritée au profit de sa maitresse...



D'une situation trop souvent vue dans la réalité, Barbara Abel va nous offrir un thriller époustouflant.
D'emblée, on se prend de sympathie pour Jeanne qui a voulu échapper à sa condition modeste pour épouser celui qu'elle pensait être un prince charmant. Las le temps érode les couples, l'amour s'étiole et l'égoïsme de chacun reprend le dessus. Jeanne ne reste avec Richard que parce qu'il lui offre une vie friquée. Richard ne reste avec Jeanne que parce qu'il ambitionne de faire une carrière politique.
C'est une situation très bien dépeinte, par petites notes subtiles, avec des répliques qui font mouche, des situations du quotidien que Barbara Abel, telle une entomologiste, dissèque. Non en les analysant, mais en les écrivant avec force détails.

Les personnages vite posés, la situation bascule avec le meurtre de Richard, puis la révélation de son ultime trahison.
Et peu à peu l'étau se resserre sur Jeanne, révélant ses failles, ses peurs viscérales : retourner là d'où elle vient. Le pire demeure cette appartenance à la "bonne société" où l'on se jauge, où l'on est méprisant pour ceux qui ne réussissent pas ou tombent.
Prisonnière de ce carcan, Jeanne bascule et on la suit avec horreur.

A l'opposé Suzanna la maîtresse portugaise représente ce que Jeanne a été autrefois (pauvre, isolée, immigrée), simplement elle porte en elle un enfant et dès lors pour Jeanne qui n'a pu donner la vie, les solutions s'imposent peu à peu...
Et à mesure que le piège se referme, Jeanne n'a plus de choix qu'une fuite en avant...


L'instinct maternel est un roman puissant.
Partant d'une situation banale en apparence, l'auteure nous entraîne dans un semi huis clos où l'instinct de survie est exacerbé, où deux femmes s'affrontent avec force. L'une pour son bébé, l'autre pour sauver son monde d'illusions.
C'est aussi un roman violent qui vous happe, vous révèle les parts de ténèbres.
Pour un homme, certains passages pourtant plus féminins prennent corps, font jour.

Vite dévoré, marquant, ce premier roman de l'auteur sorti en 2002 montre que Barbara Abel avait déjà un talent fou confirmé depuis par des romans comme derrière la haine, après la fin. Une patte subtile pour dépeindre les situations du quotidien et les transformer en cauchemar à domicile.

EXCELLENT

https://livre.fnac.com/a1295352/Barbara-Abel-L-instinct-maternel

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(je ne mets plus de lien vers amazon)

Monday, April 23, 2018

Les démoniaques, Mattias Köping, RING EDITIONS

Un patriarche pédophile, proxénète, dealer : Jacky Mauchrétien, surnommé l'Ours.
Son frangin Dany, le Simplet un homme de main prêt à tout pour satisfaire ses maîtres.
la fille de l'Ours, 18 berges, Kimy. Violée, habituée à dealer pour le père, gamine à la dérive et nourrissant des envies de vengeance.
Henri, un prof déprimé.



Il est des livres qui sentent le foutre, la sueur et les larmes, des livres qui vous immergent totalement dans leur univers noir, parce qu'ils vous éloignent de la réalité qu'on prétend vous vendre à la tv. Je connaissais Michel Vigneron, un auteur du Nord qui m'avait embarqué avec son puits de la perversion, son Boulogne K, j'ai maintenant découvert Mattias Köping, un auteur efficace.
Köping, c'est le genre d'auteur qui reste à Noeux les Mines pour discuter avec son public alors qu'il a vendu son stock. Un homme simple, humble, mais un auteur talentueux.

Maintenant, parlons du livre.
Les Démoniaques, c'est l'histoire de notre société du fric, de l'argent facile et de ceux qui se gorgent sur le dos de ceux qui triment en utilisant tous les moyens possibles et imaginables.

Plongé dans un décor rural, on y découvre ce que j'appelle les franges de France, ces territoires qui restent à l'écart de la mondialisation qu'on nous vend comme le modèle ultime. Ici, on se bourre la g... le week end, on sort en boite, certaines gamines font des gosses pour se tirer de chez elle. On se drogue pour oublier que la vie n'est pas un rêve, mais une réalité non choisie.
On évolue dans un microcosme dominé par des prédateurs peu désireux de laisser leur place.
Mauchrétien, c'est l'émanation d'un mal à l'état pur (mâle ?), un homme qui a oublié les principes moraux pour se gagner un maximum de fric en trempant dans les trafics de drogue et la prostitution, une sorte de figure tutélaire maléfique, un patriarche qui viole sa fille.
Un être abject dont la passion se limite à une bagnole tout confort.
On pourrait me dire que c'est too much, et pourtant, Köping réussit le tour de force de rendre ce personnage vivant, réaliste. Et ceci par touches subtiles, quelques comportements, des mots, un phrasé, des attitudes... Un comportement de pur chasseur qui transparait dans le livre lorsqu'il affronte une proie.

Face à lui, Kimy, sa fille. Pas une sainte nitouche, bien au contraire, une gamine débrouillarde parce qu'il faut l'être face à l'ennemi intime. Parce qu'elle a été souillée. Une gamine qui se fume des pétards, qui boit de la Carlsberg, qui deale... Et pourtant une fille qui a envie d'échapper à l'emprise de cette bête qu'est son père...
Dommage qu'elle ne sache pas comment procéder...

Puis vient Henri, un prof abîmé par son terroir, par le système, par la solitude.
Un homme qui va entrer en relation avec cette amazone...

L'auteur est efficace dans ses descriptions, son style, sa manière d'appréhender la réalité, il ne se berce pas d'illusions sur cette école où la mixité sociale n'existe plus (si tant est qu'elle y ait un jour existé), sur les institutions, sur le pouvoir de l'argent sale et l'influence des mafias.
Il est d'une justesse dramatique quand il évoque cette drogue que se payent les serveurs, les pêcheurs, les ouvriers pour tenir le rythme du boulot et la cadence.
En fait, il dresse le portrait d'une société en pleine déliquescence. Où l'individu ne devient plus qu'une proie pour des Mauchrétien. Esclaves sexuelles pour certaines filles, camées pour d'autres...
La violence est omniprésente dans ce roman, ce thriller.

on le dévore, on veut savoir, on prend fait et cause et on s'imagine ce livre devenir un excellent film parce qu'il y a dans ce roman plus qu'une histoire, un portrait réaliste de notre société, de certaines zones de non droit.


En clair et net, ce n'est pas une coquille vide, on ne va pas se fader une énième histoire de tueur en série, mais un roman bougrement efficace, vivant.

Pour moi, les Démoniaques est clairement une réussite dans le domaine du polar, un roman coup de tonnerre et bord... ce que ça fait du bien !!
Si vous voulez le commander c'est là par exemple j'arrête de renvoyer vers amazon.

Friday, April 13, 2018

LE CONCILE DE PIERRE JEAN CHRISTOPHE GRANGE

Diane a adopté un enfant dans un orphelinat d'Asie du Sud Est, elle l'a appelé Lucien.
Quelques semaines plus tard, un accident étrange fait naître en elle la certitude qu'on a tenté de les assassiner, elle et le petit. Et puis il y a ces résultats d'analyses troublants, sans oublier cet homme qui surgit pour sauver le petit garçon...

Je n'avais pas lu de livre de Jean Christophe Grangé jusqu'ici et j'ai donc décidé de réparer cette omission.


D'emblée, le roman est entraînant, on a envie de savoir qui est ce garçon, quelle machination tourne autour de Diane.
Et puis il y a chez cet auteur des fulgurances, des comparaisons qui font mouche, pas des décors plantés aussi efficacement que chez Patrick Graham, mais des sensations que l'on perçoit, auditives, olfactives, sonores, des sensations qui vous embarquent dans le récit.



De nombreux rebondissements, des morts surprenantes, des apparitions étranges, un peu de mystère venu de très loin contribuent à plonger le lecteur dans cet opus.

Si peu à peu on va s'orienter vers le thriller fantastique, on trouve chez Grangé un romancier qui fait revivre les feuilletons d'autrefois avec des cascades de péripéties, d'épreuves, dont l'héroïne pas toujours très sympathique à mon sens ressort changée.

Bref un moment de lecture très agréable qui donne envie de découvrir d'autres romans de cet auteur.

Monday, March 26, 2018

Bijouterie Impériale, Valéry Coquant, Editions Saint Martin

1930, Nice, la côte d'Azur, la fin des années folles


Slava Grychenko est le petit fils d'un célèbre joaillier... Malheureusement, la famille a connu un revers de fortune, perdant l'affaire familiale, survivant dans une villa devenue pension de famille.

Un jour, Slava est accusé d'avoir cambriolé la bijouterie.
Victime d'une machination, il ne tardera pas à comprendre que l'âpreté de certains doit être combattue avec des armes efficaces.


Valéry Coquant me parlait de son roman depuis pas mal de temps et je m'y suis plongé car c'est une époque que j'aime particulièrement.
Le style est efficace, les personnages sont crédibles, l'action est menée tambour battant, mais pas à la manière d'un film d'action tonitruant.Il y a certes des morts, des rebondissements, et justement par moments, j'ai regretté que Valéry n'aille pas plus loin dans la description, dans les odeurs, les visions, les bruits. J'aurais voulu un peu de Borsalino, avec des images qui me frappent davantage encore. De l'immersion totale quoi ! Or là, il joue un peu trop feutré.
Et pourtant, oui pourtant ce roman qui inaugure un cycle est plus que prometteur.
Les personnages se mettent en place, les menaces apparaissent, les puissants sont souvent de purs salauds qui réussissent parce que justement ce sont de purs salauds. Et le sentiment d'injustice prévaut quelquefois, preuve de l'empathie que l'on ressent.
Oui, il y a de la verve chez Coquant, des scènes bien senties, des choses inattendues.

Et il y a ce contexte, on apprend des choses, car l'auteur n'est pas le genre d'homme à vous balancer une page wikipedia. Non il y a de la recherche, de l'information et on voudrait qu'il en partage davantage en l'insérant naturellement dans le feu de l'action. Je ne connaissais pas la banque Oustric avant par exemple.

En résumé, Bijouterie Impériale est un roman prometteur, le tour de chauffe avant un cycle qui s'annoncera grandiose si l'auteur se lâche davantage encore. Pas de complaisance dans les descriptions, juste nous faire ressentir, nous immerger encore plus.

Attention à quelques coquilles mais rien de rédhibitoire, au contraire.

Sunday, March 11, 2018

Nuit, Bernard Minier, Editions XO

Un meurtre commis en Norvège,
la photo d'un enfant nommé Gustav
la venue d'une enquêtrice nordique
et voilà le Commandant Servaz reparti sur les traces de son ennemi intime JULIAN HIRTMANN, l'ex procureur devenu tueur en série.



Suite attendue de GLACE, NUIT nous offre une enquête plutôt subie par le commandant.
En effet, après un début tonitruant qui nous le plonge en état de mort imminente, c'est l'arrivée de sa collègue Kirsten qui déclenche un jeu de piste. La dynamique Norvégienne l'entraîne à sa suite, personnage vénéneux.

Face à ce duo, Hirtmann, le tueur psychopathe...

Avec lui, rien n'est simple.
S'agit-il d'un piège ? D'une envie de confrontation ?
Et qui est cet enfant ?

Changé par l'épreuve du début, Servaz se questionne. Se confronte à des hypothèses qui le paralysent tant elles ont des implications.
Le décor de l'intrigue joue beaucoup pour lui conférer un côté inquiétant et ajouter à cette méditation intérieure que j'ai particulièrement apprécié. C'est bien amené, ça sonne juste.

Malheureusement, le risque de l'introspection est de sacrifier l'action ou de l'utiliser pour atténuer le ronronnement.

Machination, trahisons, manipulations feront de ce thriller un tournepage. Pourtant, je mettrai un bémol sur un certain point. Quand l'auteur nous donne des statistiques,
EXEMPLE p 61 sur le nombre de chiens de première et seconde catégorie à Toulouse.
Oui, ça rend concret le texte, mais c'est parfois mal amené à mon humble avis. On sent le truc qui a touché l'auteur.

Mais est ce que ça sert l'intrigue ? pas sûr...


Servaz est un personnage profondément humain avec ses faiblesses, ses colères, c'est ce qui rend l'intrigue prenante.
Et puis il y a en face son ennemi, la légion Hirtmann qui lorgne de plus en plus du côté d'Hannibal Lecter, le menu en moins...

Et au final, je suis un peu mitigé.
Bernard minier a une plume efficace ; ça se lit vite, il y a une envie de savoir.
Pourtant, j'ai un sentiment d'inachevé, de pas tout à fait parfait.
Nuit est un roman assez efficace qui annonce clairement une suite, mais j'ai peur qu'à tirer sur la corde, elle finisse par rompre...
Dommage car Bernard Minier est un auteur intéressant.



Wednesday, February 14, 2018

Trois jours et une vie, Pierre Lemaitre

Beauval, un coin de province, son usine de jouets menacée par un plan social, ses gens du terroir aux caractères parfois trempés, ses petites histoires, à des années lumière des gloires parisiennes

Beauval, un village où un petit garçon a disparu.

Dans ce roman, Pierre Lemaître met en lumière la province sans fioritures.
Il nous montre des gens simples, touchants, avec leurs petites querelles, leurs espoirs, leurs craintes. des gens ordinaires qui essaient de joindre les deux bouts dans leur village.
Puis survient le drame qui révèle les failles, d'abord celles du meurtrier, puis celles de son entourage.
Comme toujours avec Pierre Lemaitre, la peinture est subtile, plutôt juste. Chacun a ses forces, ses faiblesses et on se prend d'empathie pour ces gens normaux.
Après un temps d'adaptation, on dévore ce roman car on veut savoir comment le meurtrier va évoluer.
L'auteur sait nous surprendre, resserrer la nasse au bon moment, la desserrer pour nous donner une impression de liberté, mais tout n'est qu'apparence.

Des personnages haut en couleurs, une impression de véracité à chaque instant, et loin des héros hollywoodiens, on se plonge dans un drame du terroir comme il en existe sans doute des dizaines;

Une fois encore, Pierre Lemaitre démontre qu'il est un fin observateur du quotidien, de ses contemporains;
Je dirai juste ceci en conclusion : ce roman social a des choses à raconter et au delà de l'intrigue, il nus invite à la réflexion;


pour vous le procurer chez un libraire independant

Wednesday, February 07, 2018

Terreur Terminus, Chris Anthem (traduit par Marc Falvo)

Une grève surprise à la SNCF et des passagers se retrouvent sur le quai, dépités.
Par chance, on leur propose de monter à bord du TGV 666.
C'est étrange si on y réfléchit bien car aucun d'eux ne va dans la même direction.


Chris Anthem serait-il Marc Falvo ?
Bon peu importe ;-)


Terreur Terminus, c'est un petit roman de gare efficace et punchy, un bouquin d'horreur qui vous happe, vous entraîne à tombeau ouvert.
Et en même temps, il y a un tantinet davantage car l'auteur porte sur ses héros un regard touchant.
Entre le personnage de Wilfried, l'auteur, celui de Franck, le musicien aigri, de Cécile, on sent que ce mec aime les gens, qu'il les croque. Qu'il y met un peu, beaucoup de lui ? Ce gars, c'est un la Bruyère moderne, un type capable de croquer ses contemporains et de les faire entrer dans une histoire d'horreur type slasher movie...

Qui survivra dans ce train de l'enfer ? Pourquoi les protagonistes sont-ils arrivés là ? A toutes ces questions, vous espérez la réponse qui fait de ce bouquin sympathique un avalpage (j'ai décidé en accord avec moi même de bannir le terme anglais de page turner)

Il y a quelques années, il existait une sympathique collection terreur chez press pocket, et l'équivalent chez j'ai lu, ça s'appelait Epouvante.
Je les dévorais à l'époque, et je me dis qu'au final, un roman comme TERREUR TERMINUS a su me faire replonger dans cette délectation.
Oui, l'épouvante, l'horreur quand c'est bien fait, c'est aussi de la littérature.

Un style fluide, une efficacité du propos, un peu d'humour...

Bref, comme vous l'aurez compris, je me suis régalé avec ce roman.

ET POUR LE COMMANDER ? ALLEZ SUR LATELIER MOSESU

Friday, February 02, 2018

Retour à Rédemption

Patrick Graham est un auteur dont je vous avais déjà dit le plus grand bien après la lecture de "ces lieux sont morts".

RETOUR A REDEMPTION est un thriller paru chez ANNE CARRIERE puis repris en poche chez Pocket.

Peter Shepard est un avocat d'affaires renommé. Il n'a qu'une peur : le BIG one, ce tremblement de terre dévastateur, qui détruira la Californie...
Jusqu'au jour où son épouse et ses deux petites filles sont enlevées.
Débute pour lui un retour dans le passé, un passé qu'il avait occulté.

BRILLANT / EXCELLENT / SUPERBE : ce thriller est un vrai page turner. L'écriture de Graham est efficace, en quelques lignes, il vous plante un décor. Et lorsque vous pensez voir où il va, il vous fait faire un tour sur vous même, vous surprend.
Des rebondissements en cascade, mais toujours justifiés. Des héros plus attachants encore que ceux de CA de Stephen King, une société américaine face à ses démons (intégrisme, peine de mort, corruption, serial killer)... L'auteur nous offre un road movie sur les traces d'un passé tourmenté.
C''est poignant, sans concession, terriblement crédible que vous voulez savoir.
Personnellement, je vais vous parler de sa technique du flash back. Là où chez certains auteurs, elle explique, chez Graham, elle renforce l'intrigue. Si je ne suis pas fan du présent de narration, j'avoue qu'ici, il m'a scotché.
C'est une écriture fluide, humaine, à portée de personnages, avec l'empathie toujours. L'empathie qui explique des drames. Une évolution des personnages au fil des pages et l'envie de ne pas les lâcher.

Je n'en dirai pas davantage sauf qu'il faut vraiment que Patrick Graham revienne avec de nouveaux opus.
QUE LES SOUCIS JURIDIQUES ET LA SANTE NE LEMPECHENT PLUS DE NOUS OFFRIR DES LIVRES PAREILS.