Un patriarche pédophile, proxénète, dealer : Jacky Mauchrétien, surnommé l'Ours.
Son frangin Dany, le Simplet un homme de main prêt à tout pour satisfaire ses maîtres.
la fille de l'Ours, 18 berges, Kimy. Violée, habituée à dealer pour le père, gamine à la dérive et nourrissant des envies de vengeance.
Henri, un prof déprimé.
Il est des livres qui sentent le foutre, la sueur et les larmes, des livres qui vous immergent totalement dans leur univers noir, parce qu'ils vous éloignent de la réalité qu'on prétend vous vendre à la tv. Je connaissais Michel Vigneron, un auteur du Nord qui m'avait embarqué avec son puits de la perversion, son Boulogne K, j'ai maintenant découvert Mattias Köping, un auteur efficace.
Köping, c'est le genre d'auteur qui reste à Noeux les Mines pour discuter avec son public alors qu'il a vendu son stock. Un homme simple, humble, mais un auteur talentueux.
Maintenant, parlons du livre.
Les Démoniaques, c'est l'histoire de notre société du fric, de l'argent facile et de ceux qui se gorgent sur le dos de ceux qui triment en utilisant tous les moyens possibles et imaginables.
Plongé dans un décor rural, on y découvre ce que j'appelle les franges de France, ces territoires qui restent à l'écart de la mondialisation qu'on nous vend comme le modèle ultime. Ici, on se bourre la g... le week end, on sort en boite, certaines gamines font des gosses pour se tirer de chez elle. On se drogue pour oublier que la vie n'est pas un rêve, mais une réalité non choisie.
On évolue dans un microcosme dominé par des prédateurs peu désireux de laisser leur place.
Mauchrétien, c'est l'émanation d'un mal à l'état pur (mâle ?), un homme qui a oublié les principes moraux pour se gagner un maximum de fric en trempant dans les trafics de drogue et la prostitution, une sorte de figure tutélaire maléfique, un patriarche qui viole sa fille.
Un être abject dont la passion se limite à une bagnole tout confort.
On pourrait me dire que c'est too much, et pourtant, Köping réussit le tour de force de rendre ce personnage vivant, réaliste. Et ceci par touches subtiles, quelques comportements, des mots, un phrasé, des attitudes... Un comportement de pur chasseur qui transparait dans le livre lorsqu'il affronte une proie.
Face à lui, Kimy, sa fille. Pas une sainte nitouche, bien au contraire, une gamine débrouillarde parce qu'il faut l'être face à l'ennemi intime. Parce qu'elle a été souillée. Une gamine qui se fume des pétards, qui boit de la Carlsberg, qui deale... Et pourtant une fille qui a envie d'échapper à l'emprise de cette bête qu'est son père...
Dommage qu'elle ne sache pas comment procéder...
Puis vient Henri, un prof abîmé par son terroir, par le système, par la solitude.
Un homme qui va entrer en relation avec cette amazone...
L'auteur est efficace dans ses descriptions, son style, sa manière d'appréhender la réalité, il ne se berce pas d'illusions sur cette école où la mixité sociale n'existe plus (si tant est qu'elle y ait un jour existé), sur les institutions, sur le pouvoir de l'argent sale et l'influence des mafias.
Il est d'une justesse dramatique quand il évoque cette drogue que se payent les serveurs, les pêcheurs, les ouvriers pour tenir le rythme du boulot et la cadence.
En fait, il dresse le portrait d'une société en pleine déliquescence. Où l'individu ne devient plus qu'une proie pour des Mauchrétien. Esclaves sexuelles pour certaines filles, camées pour d'autres...
La violence est omniprésente dans ce roman, ce thriller.
on le dévore, on veut savoir, on prend fait et cause et on s'imagine ce livre devenir un excellent film parce qu'il y a dans ce roman plus qu'une histoire, un portrait réaliste de notre société, de certaines zones de non droit.
En clair et net, ce n'est pas une coquille vide, on ne va pas se fader une énième histoire de tueur en série, mais un roman bougrement efficace, vivant.
Pour moi, les Démoniaques est clairement une réussite dans le domaine du polar, un roman coup de tonnerre et bord... ce que ça fait du bien !!
Si vous voulez le commander c'est là par exemple j'arrête de renvoyer vers amazon.
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