Saturday, April 25, 2015

Soumission / Michel Houellebecq

François est un universitaire quarantenaire à la vie bien vide.
Entre les étudiantes qu'il se tape, histoire de s'assurer qu'il sait encore séduire (non plutôt baiser), son intérêt pour Huysmans lequel lui a permis d'intégrer la fac en tant que professeur où il vivote, il n'a guère d'attrait pour ce qui se passe dans son pays. Et pourtant, les présidentielles sont là, François Hollande achève son second mandat, le Front National et un Parti Islamiste vont accéder au second tour... Mais cela lui semble si loin, ces changements à venir !


Soumission est un livre fort.
Ce n'est pas un livre sur l'Islam comme l'ont présenté certains journalistes, c'est plutôt un livre sur la veulerie, la vacuité d'une vie, d'un mode de vie : une certaine culture occidentale mondialisée qui n'a pour seuls horizons que le sexe et le fric. Car François est un empaffé de première, égoïste, misogyne, seul. Malheureux dans sa vie au fond malgré le fric, la baise, l'alcool, le tabac. Malgré un niveau de vie élevé, il n'est guère un citoyen, plutôt un consommateur, un exemple du veau moyen, incapable de se bouger le séant pour faire évoluer la société malade de ces valeurs merdiques. D'ailleurs comment le pourrait-il quand il ne la connaît qu'à travers un prisme déformant ?

Soumission appuie sur les lâchetés de l'opinion française, européiste, sur une censure qui s'insinue peu à peu...
Par exemple Des émeutes, luttes entre identitaires et islamistes sont occultées par un pouvoir moribond et simplement relayées sur rutube... Et pourtant il y a des morts, mais chacun est coincé dans sa vie banale. Quand on a un peu à perdre, on attend.


Houellebecq va ensuite stigmatiser les formations politiques françaises où les ego priment... Bayrou en prend pour son grade et c'est jubilatoire au possible :-) L'UMP moribonde engoncée dans ses combats de chefs, le PS va céder sur l'éducation...




Puis peu à peu, alors que François va chercher à marcher sur les traces de Huysmans, à faire une retraite spirituelle, pendant que le parti islamiste va mettre en place son programme lentement, sans violence apparente (où sont passés les identitaires ? ), l'évidence va s'imposer. S'il ne veut plus être seul, s'il veut rejoindre une communauté, il n'a guère le choix...


Linéaire, le livre l'est assurément... Car comment envisager une autre fin ?

Soumission est à l'image du CAMP DES SAINTS, un livre sur la défaite d'une civilisation occidentale minée par l'absence de valeurs réelles, spirituelles. Mais à l'inverse du camp des saints qui montrait un groupe entrant en résistance malgré la certitude de la défaite face à un déferlement migratoire soudain, Soumission est un livre sur ces êtres qui au fond ont besoin d'un maître pour exister.

P276 Il fallait se rendre à l'évidence : parvenue à un degré de décomposition répugnant, l'Europe occidentale n'était plus en état de se sauver elle-même - pas davantage que ne l'avait été la Rome antique au V siècle de notre ère.

Saturday, April 18, 2015

7 JOURS DEON MEYER

Hanneke Sloet était une juriste sans histoire. Jusqu'au jour où elle a été assassinée.
Depuis le suspect court toujours; Quelqu'un entend faire réagir la police.
Si celle ci ne l'arrête pas, il abattra des flics...
Plus question que le tueur soit.... COUVERT !!!!



Attiré par le résumé, je me suis jeté sur ce polar qui avait l'avantage de se dérouler en Afrique du Sud.
Le début est prenant, le pitch intéressant... Puis arrivent les héros : un flic alcoolique vivant avec une star de la chanson elle aussi au bord du gouffre. Les persos sont sympas, mais sans plus. J'ai aussi découvert que ce livre en suivait d'autres... Bon du coup, j'ai l'impression de perdre un peu au change.

L'enquête est intéressante, notamment lorsqu'elle nous permet de découvrir le background, un pays après l'apartheid..
Un peu d'action, des fausses pistes, Deon Meyer nous offre un policier assez rythmé, mais je me suis parfois perdu entre les différents services de police.
Bref un roman surtout intéressant par son décor...

Sunday, April 12, 2015

Jusqu'à ce que la mort nous unisse / Karine Giebel

Il y a d'un côté Vincent Lapaz, le guide de montagne. Depuis que sa femme Laure est partie avec un touriste, et cela sans signe avant-coureur, il est devenu un salaud, un de ces mecs qui couche et largue les filles pour se venger.
Vincent ne trouve refuge qu'auprès de la montagne, celle avec qui il partage un secret.

De l'autre, il y a Servane la fille venue d'Alsace, gendarme rêvant d'action, mais coincée dans une bourgade où il ne se passe pas grand chose.

Jusqu'au jour où l'un des amis de Vinvent meurt...

Dès lors des lettres anonymes vont mettre ce duo antagoniste sur la piste d'affaires sordides.


Je ne vous reparlerai pas de Karine Giebel qui, pour moi, est une plume maîtresse du thriller français, notamment parce qu'elle ne choisit jamais la solution de facilité pour ses intrigues.

Dans ce roman, l'action ne va pas à 100 à l'heure. On s'installe comme Servane, on fait connaissance avec les lieux, les habitants, les rancoeurs qui animent la vallée. On apprend à maîtriser sa peur de vide, on croise le Stregone, ce personnage obscur dont tous se méfient... Pis les mois passant, on bascule dans le sordide, dans les non-dits, la violence latente, les compromissions des uns et des autres. De pure ordure, Lapaz commence à évoluer au contact de Servane, mais chez Giebel rien n'est simple. Les pistes se multiplient, les doutes aussi...

Puis vient le dénouement, intense, exceptionnel. Du doute, encore la peur, c'est brillant, c'est très bien mené... On a le coeur qui bat la chamade.

Bref, je fais court, mais ce roman de Karine Giébel mérite d'être dégusté pour une totale immersion...
Un très grand opus de l'auteur varoise.

Bravo Madame !