Saturday, July 19, 2008

(Lecture) La Théorie Gaïa de M Chattam


En guise de résumé

Une enquête de la commission européenne sur une caisse noire finançant des travaux scientifiques occultes, trois scientifiques de la même famille invités à éclaircir ces faits, voilà le début du dernier thriller de Maxime Chattam (L'Ame du Mal, in Tenebris, Maléfices, Le Sang du Temps, Predateurs...)
Maxime Chattam, le thriller à l'américaine made in France
Maxime Chattam est un jeune auteur qui m'a ébloui avec sa trilogie du Mal, mettant en scène un enquêteur (J.Brolin) confronté à divers serial killers. Sa force est avant tout cette capacité à faire monter la tension par l'efficacité de son écriture et des rebondissements bien venus. Chapitres courts, percutants, motivations des personnages incitent à tourner les pages à vitesse grand V et à dévorer ses oeuvres.
J'avais ensuite déchanté en lisant le Sang du Temps, un thriller se déroulant au Mont Saint Michel car j'avais trouvé que le terrain se prêtait mal à la mise en place d'un huis clos... Puis j'avais apprécié les Arcanes du Chaos, même si la reprise de la théorie du complot me semblait un peu facile, tous les élements ou rpesque résultant de faits énumérés sur Internet.

et la Théorie Gaïa ?
Après un premier chapitre un peu poussif à mon sens, la scène en famille ne m'a guère convaincu, on se retrouve vite plongé dans un mélange d'enquête et de huis clos beaucoup plus prenant, avec d'un côté les deux héros masculins (Peter et Benjamin) coincés au Pic du Midi en compagnie d'astronomes et de "scientifiques" d'une organisation mystérieuse et à l'autre bout du monde, Emma la femme de Peter confrontée à une île de Polynésie déserte (tout au moins en apparence).
Peu à peu, au fil de rebondissements très bien amenés, nos trois héros vont aller de découverte en découverte et appréhender la théorie Gaïa dont je ne vous livrerai pas un mot...
Placée dans un futur proche, l'intrigue recourt aux éléments perturbateurs comme la multiplication des catastrophes climatiques, la montée de la violence dans nos sociétés, comme autant de repères qui s'effondrent. Maxime Chattam agence l'ensemble, navigue parfois à la lisière du fantastique, mais ne cède pas à la facilité.
Ce qui constitue la force de ce roman, c'est également l'empathie à l'égard des héros. Emma sur son île est une femme en danger, Peter et Benjamin doivent chercher des alliés sans savoir sur qui compter.On est très proche du "trust no one" des X files. Bref des meilleurs épisodes de cette série mythique !

Et à côté de cette intrigue, à des endroits clefs, l'auteur nous livre des documents qui viennent accroître l'efficacité de son action, un extrait de blog par exemple.
Là, on ressent la technique efficace de l'écrivain.

La théorie Gaïa conclut la trilogie initiée avec les arcanes du chaos, et Predateurs (que je n'ai pas lu); elle marque surtout une évolution dans l'écriture de Maxime Chattam, une plus grande efficacité car derrière le livre se trouvent quelques messages (écologique, sociétaux) et le retour de l'auteur à un très très haut niveau, peut-être supérieur à la trilogie du mal.


A mon sens, ce roman mérite amplement ses 4 * !

Wednesday, July 09, 2008

Ce cher commerce...




Décidément, tout se perd.
Après Noël, le 8 mai, certains de nos magasins jugent vital (et profitable) de travailler ce lundi 14 juillet... Ouvert de 8h 30 à 20 h.
A quand l'ouverture 24 h sur 24, 7 jours sur 7 ?
Est-ce que Monsieur X titulaire d'un budget Y dépensera davantage parce que son hypermarché est davantage ouvert, that is the question ?
Il serait peut-être temps de savoir s'arrêter à temps et de rendre un peu de vie familiale. Bon, en tout cas, lundi, je ne fais pas les courses...

Tuesday, July 08, 2008

L'abus d'effets spéciaux tue le scénario...

13 fantômes est un film pas vraiment récent... L'histoire est simple, un homme hérite d'une maison où sont enfermés des spectres. Commence pour lui et sa famille une nuit d'enfer...
A l'inverse de la série Cold Case qui exploite le non dit, le scénario de 13 fantômes s'appuie sur une débauche d'effets spéciaux, à commencer par des maquillages si outranciers qu'ils ont plutôt tendance à susciter la consternation que l'horreur. Les fantômes paraissent, pour certains, échappés d'une séance de piercing qui aurait mal tourné ou alors d'un passage dans un magasin de bricolage ? Vient ensuite le décor de la maison montré sous toutes les coutures afin de démontrer son caractère extraordinaire.
A trop montrer justement, le réalisateur et les scénaristes ne suscitent qu'une indifférence totale. Pas question d'avoir peur, de sursauter puisque tout est présenté à l'écran...

Bref un raté qui aurait pu être compensé si le film avait bénéficié d'un budget moindre, lequel aurait obligé ses auteurs à faire d'ingéniosité...


Cold Case (saison 4)


Exemple type de la série efficace, Cold Case se distingue par l'efficacité de ses scénarios.


Une accroche courte et percutante, une enquête qui rebondit de protagoniste en protagoniste en resituant l'affaire dans son époque sans trop s'appesantir (ce dimanche, épisode touchant sur la guerre en Irak), c'est ce que l'on appelle un juste équilibre. En arrière plan une musique contemporaine des faits.

Bref les trois épisodes diffusés ce dimanche 6 juillet sur France 2 étaient tout bonnement excellents., notamment le troisième qui ouvre normalement la saison, mais dont la violence a contraint à une programmation après 22h.


Bonne programmation de France 2 et très bonne capacité scénaristique.




Thursday, July 03, 2008

(lecture) Royaume Désuni par James Lovegrove



Les bords de la Tamise dans les ténèbres sur fond de drapeau Union Jack et au premier plan des barbelés... Une couverture efficace à mon sens qui ne manque pas d'attirer l'attention comme le titre "Royaume Désuni".
Ajoutez à cela une quatrième de couverture intrigante et vous vous retrouvez à feuilleter le dernier roman de James Lovegrove traduit par les editions Bragelonne. (on notera tout de même que la version originale date de 2003!! )

En guise de résumé

Après certains événements socio-économiques, la Grande-Bretagne a été écartée du concert des nations qui comptent. Bombardée, divisée, elle tente de survivre ou plus exactement chacune de ses villes tente de s'adapter à cette nouvelle donne...
C'est à Downbourne que vit l'instituteur Fen Morris. Cohabitant avec sa femme Moira il poursuit son métier faute d'autre activité...Et puis un jour Moira est enlevée par un gang venu de Londres...
Contre toute attente, Fen part rechercher son épouse. Débute alors pour lui un long périple jusqu'à la capitale.

Une histoire prenante

D'emblée, on est happés par le roman de Lovegrove qui nous dépeint des personnages, communs, bourrés de faiblesse et que l'on aurait envie de secouer tant ils nous paraissent le contraire des héros. Fen Morris incarne l'archétype de l'homme moyen qui se débat dans la survie. Malheureux en ménage, lâche, il s'accommode de cette existence engluée et tente de préserver els apparences.
Puis intervient l'élément déclencheur : l'enlèvement des femmes de Downbourne.
Tandis que ses concitoyens acceptent cette épreuve avec fatalité (il était évident que les nouveaux barbares allaient attaquer Downbourne, la petite ville tranquille), Fen décide de partir à la recherche de cette épouse avec laquelle il n'avait plus grand chose en commun... Ce sera l'occasion pour lui d'évoluer, mentalement parlant.
Outre Fen, on retrouve d'autres personnages dont l'existence a tellement été bouleversée qu'ils n'ont pas su s'adapter et continuent de vivre comme si rien ne s'était passé. Et par cette galerie, Lovegrove parvient à dispenser l'empathie nécessaire.

Mais la grande force de ce roman est surtout de nous prendre à contre-pied.
Lovegrove joue avec les clichés pour mieux les détourner.
Fen va ainsi connaître de nombreux périples, découvrir qu'il faut toujours se méfier de ses concitoyens. Croyant être sauvé, il tombe de Charybde en Scylla et se remet en cause, s'adapte...
Par ses rencontres, Fen va nous confronter à nos propres certitudes.
Tout ce qui a de la valeur dans un monde policé perd de son attrait lorsque la civilisation s'est écroulée ou survit. Parfois l'auteur se montre satirique notamment avec les milieux littéraires et leurs fans, puis il s'attaque aux communautés qui ne résistent pas à la disparition de leur chef... Et d'un bout à l'autre, Lovegrove nous promène au gré des désenchantements de Fen ou de ses illusions.

Enfin l'auteur parvient à instiller une note d'humour britannique. Des piques contre les Français ou les Anglais, allez donc savoir ! des passages marrants lorsque Fen cherche à fuir une admiratrice empressée (le fameux carpe diem, mort aux poissons !) par exemple...

Et par dessus tout, le souffle de la narration. Alternant les points de vue entre le narrateur omniscient et Moira l'épouse de Fen, Lovegrove nous confronte à leurs visions du monde.
Des visions souvent contradictoires...

et pour les auteurs ?

des chapitres courts, des alternances de point de vue, une intrigue qui parvient à éviter le linéaire...



Mon seul regret est de n'avoir pas vu de plus amples développements sur le Pari Malchanceux, à l'origine de toute l'histoire...



Bref un bon 3,5/4 pour ce roman diantrement bien fichu !

Jess