Tuesday, February 28, 2017

De fièvre et de sang / Sire Cédric

Sire Cédric est un écrivain qui a débuté sa carrière dans le milieu gothique, livrant des contes glauques avant de basculer, il y a quelques années dans le thriller. J'ai eu la chance de publier dans l'emblèmes la route l'un de ses textes sensibles (bon je suis désolé de parler souvent de cet emblèmes, mais ce fut une super expérience d'anthologiste). Depuis Sire Cédric a poursuivi sa carrière brillamment.

De Fièvre et de Sang met en scène l'enquêtrice albinos EVA SVÄRTA et le Commandant Vauvert.
Après avoir mis hors d'état de nuire deux ordures de tueurs en série, véritables bouchers, dans le sud de la France. Les deux flics se retrouvent confrontés à des affaires similaires, un an plus tard sur Paris. Même modus operandi.

Ont-ils laissé échapper un tueur ? Les tueurs en série sont-ils revenus d'entre les morts ?

Bon moi ce que j'aime chez Sire Cédric, c'est qu'il sait instiller un véritable climat dans ses textes. Ici, on plonge d'emblée en pleine action. Les personnages prennent corps, on sent l'odeur du sang... Un style entraînant, des chapitres bien calibrés et on se surprend à se demander si on est en plein thriller ou dans un thriller fantastique.
En tout cas, on veut savoir.
Le passé de son enquêtrice, son caractère tranché la rendent intéressante au possible, idem de Vauvert, flic bourrin, rentre-dedans.
Les pages s'enchainent, les meurtres aussi que rien ne semble pouvoir arrêter tant le tueur a un temps d'avance... C'est une écriture adrénaline et très visuelle, on imagine bien le film que l'on pourrait en tirer. ceci explique sans doute que ce roman ait obtenu le prix cinécinéma frisson et le prix du polar au festival de Cognac !



Franchement, j'ai pris sur mon sommeil pour savoir, même si la fin m'a paru s'étirer un peu en longueur. Cédric, si tu lis cela, j'ai trouvé qu'il y avait un ou deux chapitres de trop... Oui, je sais, je fais mon chieur, mais voilà c'est comme l'histoire du démon à trois sexes dont on ignore le nombre de testicules !!! ;-)

En tout cas, j'avoue, j'ai passé un très agréable moment de lecture . Un très bon thriller fantastique. ET je lirai les autres avec... AVIDITE !!!

SIRE CEDRIC SERA EN DEDICACE A LA RUCHE AUX LIVRES DE WAVRIN PRES DE LILLE LE 4 MARS.
IL SERA AUSSI AU SALON DU POLAR DE LENS...

POUR SON NOUVEAU ROMAN
sûr que j'irai le voir ! :-)

Friday, February 17, 2017

Saturday, February 11, 2017

L'innocence des bourreaux, Barbara Abel

On doit à Barbara Abel, auteur de 47 ans, plusieurs romans dont DERRIERE LA HAINE / APRES LA FIN dont je vous avais entretenu visiteurs, il y a quelques temps déjà.


L'Innocence des Bourreaux est son avant-dernier opus. Le dernier s'intitule JE SAIS PAS et j'avoue il me fait de l'oeil...

Mais revenons à nos moutons.

Une supérette de quartier. Un braquage par un paumé, les événements s'enchaînent et des existences vont s'en retrouver à jamais affectées.

Barbara Abel, pour moi c'est d'abord une observatrice aigüe de la réalité contemporaine.
Je vais tenter un parallèle curieux en vous parlant des caractères de La Bruyère, qui nous offrent du moyen âge autant d'instantanés. (aparté, j'avais eu le plaisir d'en étudier avec Mme Roy au collège d'Aumale dans les années 80 et cela m'avait bien plu, soit dit en passant à l'époque elle nous avait montré des textes de genre hétéroclites de la sf à Tistet Védène et la mule du pape). Barbara Abel, donc, saisit ce qui fait les individus de nos jours. Du drogué en manque dont la vie a basculé et dont les perspectives sont réduites à néant, en passant par le comptable qui s'est envoyé sa jolie collègue réceptionniste parce que la tentation est désormais omniprésente, sans oublier les femmes très importantes dans son oeuvre, malmenées par la société.
Car chez Barbara Abel, la femme qui réussit sa vie n'est pas à l'abri pour autant, c'est flagrant. On le voit avec le personnage de la vieille dame aigrie, Germaine Dethy ou celui d'Aline. Les deux sont prises dans l'étau d'une société patriarcale.

Le roman démarre donc avec des chapitres nous présentant les principaux protagonistes et ça fait mouche, comme dans les autres romans que j'ai lus d'elle. C'est juste. Ca tape là où ça fait mal.
Pas un mot de trop, juste l'efficacité.

Puis ces êtres vont se croiser dans un supermarché et là,une épreuve va les amener à révéler qui ils sont.
Car, Barbara Abel donne un tour autre que celui attendu à son roman. Le braquage dérape évidemment, mais pas comme on l'attend et je n'en dirai pas plus, parce que je n'entends pas vous gâcher l'intrigue.

Le livre se lit très vite car on est happés (oui je mets un s à happés), l'empathie monte, la tension atteint son paroxysme, c'est toujours aussi efficace sans effet sanguinolent. Juste une peinture de personnages authentique.
Ces êtres, c'est nous et c'est en cela que ce roman est redoutablement efficace.

Bref, oui je suis subjugué. Barbara Abel est avec Claire Favan, Karine Giébel, une de mes reines du thriller.


Saturday, February 04, 2017

la liste de mes envies, G DELACOURT

Jocelyne a épousé Jocelyn, elle habite Arras, elle tient une mercerie, lui bosse chez Haagen Dasz.
Un jour elle gagne l'euromillion, soit 18 millions.
Elle se pose alors la question "que faire avec cet argent ?", ne faut-il pas mieux y renoncer pour garder sa vie tranquille ?



La Liste de mes envies, c'est du roman pour lecteurs qui n'aiment pas être chamboulés, transportés ailleurs.
J'aurais presque envie de dire des petits lecteurs qui se dévorent un bouquin encensé par la critique et peuvent en parler ensuite en disant : "que c'est extraordinaire !"

C'est un roman (ou une novella ????) à l'image d'une France en quête de romantisme, une frange de France défiante envers l'argent forcément mauvais dès lors qu'il fait irruption dans votre vie, un public qui encense un mode terre à terre... Le style est à cette image, plat, banal, convenu.
Pas de fulgurance, de jeux de mots exceptionnels. Pas de description des lieux, juste des personnages... On dirait un plat préparé qui a toujours la même saveur.

Pendant tout l'ouvrage ou presque on partage les états d'âme de cette dame respectable dont la vie se retrouve bouleversée. Les premiers temps, elle hésite, puis elle encaisse le chèque, dresse une liste de petits objets qu'elle voudrait acquérir... Sans jamais les acheter car elle craint les autres, d'être sollicitée.
Le passage à la française des jeux et la rencontre avec la psychologue auraient mérité d'être le point de départ de ce conte moderne.
On aurait voulu voir une gagnante confrontée à cette somme, confrontée à l'envie des autres, aux demandes. Une dame simple qui s'interroge sur 'argent parce qu'elle voit ses effets destructeurs de près. De ce point de vue là, G Delacourt aurait marqué ses lecteurs car ici il offre l'image d'un personnage sitôt lu, sitôt oublié.
Et pourtant, pourtant il y a des réflexions dans ce roman, au détour de quelques pages.
Jocelyne et Jocelyn sont authentiques, des gens comme on en cotoie mais ce n'est pas inoubliable.

Puis Jocelyn vole Jocelyne, disparait pour mener la grande vie et le roman continue de somnoler.
Au moins je l'ai lu chez le médecin en patientant...

La liste de mes envies est un roman intéressant à mon avis, mais l'auteur travaille avec filet quand il aurait pu donner un coup de poing salvateur au lecteur. Dommage, très vite lu, sans doute vite oublié.