Wednesday, January 27, 2021

Les magistrats sur le divan de DOMINIQUE VERDEILHAN

Après l'exploration du métier de flic, un détour par celui de juge... Soyons clairs, lorsque j'ai pris ce livre à la bibliothèque je n'avais pas un a priori favorable sur cette profession. J'ai beau avoir fait droit, je ne suis pas dupe de l'état de la société et de sa mollesse à réagir devant les criminels. surtout les multirécidivistes et les auteurs d'incivilités qui pourrissent la vie de leur cité; Dominique Verdeilhan est allé à la rencontre de procureurs, magistrats, juges pour enfants et il a mené une sérieu d'entretiens avec des professionnels plus ou moins connus... On y rencontre des femmes et des hommes confrontés à la solitude du métier et à la violence, la déliquescence de la société. Et surtout un état qui entend éviter l'incarcération, appliquant en cela le droit européen (hm) Ce sont des rencontres touchantes, bouleversantes, éclairantes. Entre les magistrats menacés dans certains tribunaux près de zones de non droits, ceux confrontés à des affaires d'une violence extrême qui ferait passer un roman de Karine Giebel ou de Claire Favan pour de l'amusette (des enfants brûlés, la tête fracassée et autres), on retrouve certains faits divers marquants (le fiasco Gregory, l'ogre Fourniret , les attentats de 2015 que l'on a trop tendance à remiser comme de l'histoire, quand certains sont entrés les premiers pour voir les corps étalés...) Verdeilhan trouve toujours un angle d'approche intéressant et on se prend à dévorer ce livre. Mon a priori est amoindri, nos juges sont les exécutants d'un état qui se décharge sur ses fonctionnaires de ses manques, les jetant en pâture aux masses. Dommage que l'on n'ait pas abordé la fameuse affaire du mur des cons... Un livre à découvrir, une profession indispensable, des femmes et des hommes au contact de la fange sociale... LECTURE PLUS QUE RECOMMANDEE

Friday, January 01, 2021

Un flic passe aux aveux, Patrice Lastère

Immersion dans une police passée, celle des années 80/90
Patrice Lastère en a des choses à raconter, depuis son passage au 36 quai des orfèvres jusqu'à ces petits commissariats de banlieue où il va gérer le quotidien morne de cités livrées à l'abandon avec des effectifs se réduisant à peau de chagrin... Bien sûr il n'est qu'un maillon de la chaîne, mais tout de même. Il ne va pas toujours se donner le beau rôle, lui le fort en gueule, mais il offre un instantané d'une époque, des réformes qui ont affecté l'institution Police. Oui il a joué avec les stats pour que son commissariat reste bien classé. Oui les stats, ça reste de l'écriture comptable... Manque de moyens, personnalités flirtant avec l'illégalité, chef écoutant des chants nazis, fonctionnaires adeptes du chiffre, ministre demandant des faveurs, dossiers à enterrer, Lastère raconte avec sa gouaille et nous immerge dans le quotidien des flics. Ca sent la tabac, on devine la mauvaise bouffe, l'atmosphère machiste parfois, l'attrait pour les femmes, la vie facile, souvent... Méfiance envers les homos, criminalité venue de l'étranger qui suscite la colère, il pourrait choquer nos bien pensants actuels incapables de se projeter dans une réalité pas toujours glorieuse. Mais l'institution évolue... La tolérance commence à s'installer. Ce que raconte Lastère : c'est le manque patent de moyens. Des commissariats délabrés, des fonctionnaires qu'on essore, certains qui perdent le feu sacré et rejoignent l'autre côté. Et pourtant malgré ces circonstances, des liens existent entre ces hommes habitués à serrer des malfrats... Il y a un respect par rapport à certains criminels, ceux qui sont réglos. Une méfiance envers cette génération montante, un avertissement par rapport aux émeutes de 2005 (une guerre civile redoutée) Un livre passionnant de bout en bout... pour se le procurer