Thursday, March 24, 2022

Qu'ils crèvent ! Michel Vigneron

Le meurtre d'un dealer accompagné de celui d'une vieille dame. Deux flics de la BAC qui récupèrent cette affaire. L'un d'eux touché par des raisons personnelles... Le tout dans une Guyane où le crack, le sexe et la moiteur se mélangent...
Disons le d'emblée, ce livre ce n'est pas du feel good. Ici les seuls Parisiens que vous croiserez sont venus profiter du crack guyanais à un prix défiant toute concurrence et ne reviendront pas dans la métropole. L'auteur nous offre une vision d'un nouveau far west, un coin de France où les ravages de la came se font ressentir au jour le jour... Des paumés bousillés, des paumés condamnés à voler pour acheter leur caillou de crack, des filles qui s'offrent pour cette merde. L'auteur nous fout le nez dans cette fange que l'on voudrait ne pas connaître. Et pourtant c'est la France, pas loin du pas de tir d'Ariane. A côté ses baceux sont à la limite de la ligne rouge et il suffit d'un rien pour la franchir. C'est violent, c'est âpre, c'est tourmenté, mais Vigneron écrit bien, y compris quand il décrit le stupre... On est dedans vu le métier de l'auteur, mais il y a de la poésie populaire dans son écriture. "le scooter donnait l'impression d'avoir la rage, de vouloir bouffer quelqu'un, mais personne n'y prêtait attention, c'était tellement courant à Cayenne les baltringues qui jouaient les flèches sans casque et sans pApier..." Rien n'est simple dans ce monde à part. La violence omniprésente est vécue comme une fatalité (un peu comme la candidature de Taubira - fallait que je sorte une connerie désolé !!!). Quant à l'histoire, c'est le quotidien de flics borderline... Un très bon roman pour qui a envie de sortir des sentiers battus. seul bémol ce écoeurant sur la couverture;

Saturday, March 12, 2022

Alger, la noire de Maurice Attia

Elle s'appelait Estelle, il se nommait Mouloud. Ils étaient jeunes, avaient la vie devant eux. Tous deux ont été abattus et on a retrouvé leur corps sur la plage de Padovani. Sauf qu'en cette année 1962, en Algérie, les morts se comptent par dizaines. Pourtant Paco Martinez voudrait retrouver leurs assassins, mais ne va-t-il pas basculer dans une spirale d'où il ne ressortira pas indemne ?
Ce roman de Maurice Attia nous plonge dans un monde qui se meurt. L'Algérie se prépare à son indépendance et les pieds-noirs se préparent à partir ou basculent dans l'action violente. Choisir son camp, ne pas parler à tort et à travers deviennent impératifs... Le quotidien ne comporte plus de certitudes et enquêter devient bien secondaire quand les bombes explosent, que les exécutions se multiplient, que les communautés se déchirent... Alger la Noire, c'est l'occasion de se pencher sur une période historique assez peu étudiée à l'école au final. La radicalisation des uns, la violence qui répond à la violence, le divorce consommé entre des communautés qui se côtoyaient, le retour difficile en métropole, servent de toile de fond à cette enquête où Martinez va beaucoup donner, sacrifier... Un roman à hauteur d'hommes, mais d'hommes emportés par la grande Histoire.