Wednesday, August 26, 2015

Derrière la Haine, Barbara Abel

Deux couples Tiphaine Sylvain / David Laetitia
Deux enfants Maxime / Milo
Une mitoyenneté
Proximité d'âge, proximité tout court et l'on se met à se fréquenter.
La vie poursuit son cours, entre apéros, repas, anniversaire des enfants, jusqu'au drame, la mort d'un gamin.


La mitoyenneté devient alors une frontière, marquant l'entrée de l'enfer.



Je ne connaissais pas du tout Barbara Abel avant d'avoir lu Derrière la Haine, je n'ai pas d'action chez Press Pocket. Et Pocket n'a certainement pas besoin de moi pour vendre ses livres, mais ce ROMAN fut pour moi une révélation. Une envie de m'immerger davantage dans le genre thriller où les femmes sont excellentes...



Pourquoi Barbara Abel m'a autant emballé ?
Tout simplement parce qu'elle part d'une situation banale à en pleurer. Le voisinage tranquille, l'amitié que l'on pense totale et que, peu à peu, elle y introduit cette dangerosité latente. Au fil des pages, l'intrigue se tisse, pas d'une complexité absolue, mais simplement en faisant émerger un sentiment d'imparable. Vous savez c'est comme la guêpe qui se débat dans un piège où elle vole, vole jusqu'à en mourir. Chez Abel, la dangerosité explose peu à peu, jusqu'à des derniers chapitres où on se retrouve en apnée.
Barbara Abel, ce sont des mots du quotidien, le vécu ordinaire d'une classe moyenne, les manies dans lesquelles on se reconnaît, les mots que l'on a parfois prononcés, les situations qu'on a vécues. C'est pour cette raison principale que le livre fonctionne à plein.

Non, pas cette raison principale. Je crois qu'il y a chez cette romancière un naturel du style. C'est fluide, ça coule de source, c'est un diabolo menthe frais un soir d'été... Les pages s'avalent et les chapitres sont parfaitement construits (je suis jaloux !!!) Je suis resté scotché.


ACHTUNG !!!! Ce livre est le premier, la suite est APRES LA FIN et ne lisez pas la quatrième de couverture sinon vous n'aurez pas d'effet de surprise...


EN RESUME : une de mes grandes découvertes, un livre brillant parce qu'intelligemment construit avec un style qui est très bon, la preuve on ne voit pas l'effort de construction, on s'immerge.

BRAVO

Tuesday, August 18, 2015

Le goût du sang, Michaël Sailliot, EDITIONS KITSUNEGARI

Michaël Sailliot est un auteur du Nord (enfin du pas de calais, on lui pardonnera volontiers hein ! ).
La première fois que je l'ai rencontré, c'était à Liévin, lors du super salon organisé par la Librairie Vortex, un salon sf, fantastique, fantasy... Las Vortex a disparu, le salon aussi... Quant à Michaël avec qui on avait bien déconné ainsi qu'Emmanuel Prost, je l'avais perdu de vue jusqu'à il y a quelques années. Il écrivait alors un roman se passant à Arras...
Depuis après pas mal de péripéties, ce roman est enfin sorti : il s'intitule le goût du sang.


Le goût du sang, c'est une histoire de démons, de vampires, de loup-garou, de mages, le tout à Arras.
Tout commence par le massacre de trois touristes anglais qui finissent en rosbifs dans les boves, les souterrains serpentant sous la cité. Chargé de l'enquête le Lieutenant Gabriel Papadhopoulos se retrouve très vite confronté à des forces surnaturelles, et il va en sortir transformé.

VOICI L'auteur, c'est celui qui n'est pas marron...




Quand on lit le Goût du sang, une évidence s'impose. Michaël Sailliot a un imaginaire foisonnant et il se fait plaisir en écrivant. On est happés par l'histoire, on est dans un film. En tout cas, j'ai trouvé son écriture très visuelle. Peut-être le fait de connaître les décors m'a-t-il aidé, mais je pense que n'importe quel lecteur s'y retrouvera.
On est dans le poisseux des souterrains, on participe à l'enquête.
Je reprocherai des dialogues parfois pas assez fouillés, mais franchement, c'est pour vous montrer que je n'écris pas une critique de complaisance.


Oui, le goût du sang m'a plu. Je ne m'y suis pas ennuyé, à l'inverse de Ca de Stephen King que j'ai trouvé redondant. Ici, on s'éclate, on suit les péripéties de l'enquêteur et d'un groupe de goules sous la férule d'un vampire, on assiste à la lutte entre ce groupe et un autre vampire. Il y a des gros mots, des belles vannes, il y a du sexe, juste ce qu'il faut. Il y a des rebondissements.
Parce que jusqu'au bout Michael Sailliot exploite son scénar et la fin, je ne l'avais pas vue venir.

Un détail aussi, le très bon travail au niveau orthographique. Quasiment pas de fautes, de scories, on voit que Franck Guilbert, qui dirigeait Nuit d'Avril a aidé Michaël à nous offrir un manuscrit abouti, nickel. C'est ça aussi le respect aux lecteurs.
C'est un roman qui a mis du temps à sortir, mais Michael si tu lis cette critique, ça valait la peine !

Roman exploitant les grandes figures de l'imaginaire, mais parvenant à les renouveler en les intégrant dans le Nord / Pas de Calais, le Goût du Sang est un roman de fantastique qui vaut assurément le détour. Ici l'auteur écrit avec plaisir et cela se ressent. En tout cas, moi j'ai été conquis au point de m'en priver de quelques heures de sommeil pour connaitre la suite.

Note à l'attention de l'auteur, maintenant on en veut d'autres !

Note aux lecteurs, ce livre est paru chez un petit éditeur. Ce qui signifie que vous ne le trouverez pas chez Amazon, qu'il faudra aller le commander sur le site ou vous le procurer en salon. Ca signifie également qu'il ne vivra que si vous en parlez autour de vous, parce que le hic c'est qu'il existe des tas de bons livres, mais à l'inverse des blockbusters, ils ne sont pas souvent mis en avant...

UN LIEN POUR POUVOIR JOINDRE KITSUNEGARI JE VEUX SAILLIOT

Sunday, August 02, 2015

Glacé / BERNARD MINIER


Un cheval retrouvé suspendu en haut d'un téléphérique. Des meurtres dans une vallée frappée par de lourds secrets. Surplombant ces lieux oppressants, un asile psychiatrique où se trouvent enfermés des psychopathes de la pire espèce, aveux d'une société en pleine désagrégation...



La montagne est un lieu qui inspire nos romanciers de thriller. J'en veux pour preuve Karine Giebel avec son Jusqu'à ce que la mort nous unisse. Il faut dire que c'est un décor qui renvoie l'homme à sa petitesse, a fortiori lorsque tombe la neige. A sa petitesse et aussi à ses secrets, sa médiocrité parfois.



D'emblée Bernard Minier frappe très fort, des scènes de cauchemar, un décor angoissant à souhait, des personnages tourmentés... Il nous propulse dans cette vallée avec talent... Si le livre est parfois un tantinet longuet, il sait nous obliger à tourner les pages car on veut savoir forcément... Un cheval tué mais pourquoi ? C'est là que l'on reconnait le talent de l'auteur. Nous inciter à continuer, à vouloir connaître la vérité tel les enquêteurs. NOUS IMMERGER;

Autant le reste de l'intrigue est plutôt banal voire déjà vu (j'ai entrevu assez vite les tenants et les aboutissants des meurtres d'humains), autant il y a chez Minier un vrai sens du propos. En effet, l'asile isolé est une métaphore d'une société incapable de guérir ses maux et cherchant à les cacher. C'est de ce point de vue qu'il m'a vraiment séduit, parce que Bernard Minier raconte avec un contexte sociétal et ça, c'est extraordinaire.

Le choix des noms des protagonistes M Monde, Perrault, Grimm m'a interpellé. Symbolique, envie de leurrer le lecteur ?

Sur la fin, le roman s'emballe et bascule dans l'action.
C'est visuellement efficace, on rêve d'une transposition cinématographique.

Au final, Glacé est un thriller qui souffre de quelques longueurs, mais qui va au delà de l'enquête pour nous livrer les constats de son auteur et de ce point de vue, il vaut la peine d'être découvert.