Monday, April 17, 2017

Mala Vida, Marc Fernandez

L'Espagne contemporaine, marquée par la crise. Les dernières élections ont porté au pouvoir des nostalgiques de Franco.
Dès le soir de la victoire, un jeune député de ce parti est assassiné... Abattu en pleine rue.
Puis surviennent d'autres meurtres.
Dans ce contexte où la mainmise sur les médias s'exacerbe, Diego Martin, un journaliste de radio, épine dans le pied des puissants, découvre un scandale qui risque de faire vaciller le pouvoir.


Que dire de ce roman ?

Disons qu'il est comme le cinéma espagnol : différent, il apporte un souffle nouveau, car on a tendance, nous Français, à oublier que Franco fut au pouvoir jusqu'en 1975. Lorsqu'on pense Espagne, on voit davantage le Pas de La Case avec ses magasins, les vacances au soleil, un souci à l'aéroport de Barcelone avec la gardia civil (oups ça c'est perso) et non un pays qui fut ravagé par la guerre civile, le pays de Guernica. Un pays qui tomba entre les mains d'un régime autoritaire, parce que les forces de gauche (surtout les extrêmes???) se déchiraient, parce que les régimes fascistes prêtèrent main forte aux militaires, fameuse légion condor. Et pourtant cela se passait, il n'y a pas si longtemps.
Le pays fut victime d'une vraie saignée dans ses forces vives, mais échappa à un conflit mondial, hormis des soldats dépêchés sur le front de l'est dans le cadre de la légion azul.


En ce qui concerne l'histoire que je vais m'efforcer de ne pas spoiler, elle démarre après le retour au pouvoir des nostalgiques de Franco, suite à la crise née de la frénésie immobilière, cette volonté de tout miser sur le tourisme. Cette intégration de l'Europe qui devait préserver l'Espagne comme elle le fit de la Grèce des tentations autoritaires.



On appréciera particulièrement le personnage de Diego, qui, je ne sais pas pourquoi, m'a fait penser à Pepe Carvalho, le détective privé. L'auteur le rend réel, avec sa cigarette, son studio et sa solitude liée à un épisode sanglant de sa vie. Ses doutes, sa volonté de faire triompher la vérité coûte que coûte. C'est un personnage humain, terriblement attachant. Peut-être proche d'une recherche d'autodestruction ?

Ce qu'il y a de puissant dans cet ouvrage, de coup de poing à la face pour le lecteur, c'est de voir que dès l'arrivée au pouvoir, le contexte change. Une purge de la presse s'opère peu à peu, les manifestations sont plus encadrées, et une réaction de rejet militantiste naît chez ceux qui ont perdu les élections, les plus sensibles politiquement. On se rappelle d'un certain mois d'avril en France gonflé de manifestation et qui se termina par un gros psschit. N'avait-on pas à l'époque vu les effectifs de certains partis gonfler et retomber l'année suivante ?

Marc Fernandez insiste aussi sur l'influence de l'Eglise en tant qu'entité proche du pouvoir, choquée par l'adoption du mariage homosexuel et défenderesse d'un ordre moral, sur le rôle de l'Opus Dei et de groupuscules extrémistes. En cela, l'Eglise espagnole parait assez monolithique et se différencie de l'église française durant l'occupation allemande... Là encore le genre d'infos qu'on découvre.

En parallèle, le scandale démarre un peu tard à mon sens, puisqu'il survient après l'élection alors qu'il aurait pu remettre en question l'arrivée de ce groupe au pouvoir et c'est en cela que je suis un peu plus mesuré. Sans compter la personnalité du tueur dont je ne dirai rien, mais qui m'a paru aller contre son camp...

Au final, Mala Vida est un roman qui permet de s'immerger dans un pays si proche et si éloigné de nous à la fois, on sent la patte du journaliste. Cependant, il aurait mérité d'être un peu plus long, de développer davantage encore le côté indigné de DIego par rapport à la violence politique, d'où qu'elle vienne.


Wednesday, April 12, 2017

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard

En délicatesse avec le Pape, Michel-Ange se voit proposer un chantier à Constantinople, chantier qui lui assurera la consécration car Leonard de Vinci en a été écarté : il devra réaliser un pont.

Sur le papier, un résumé prometteur, au final, un livre vite lu, vite oublié.
Pourquoi ?
Parce que ça manque de tripes, parce que c'est gnangnan, il ne se passe pas grand chose et les personnages sont insipides.

Développons.

Vous savez c'est de la littérature détachée, on a l'impression d'être un entomologiste observant un insecte depuis l'autre côté de la vitre. Sans risque, sans contact.
Et pourtant, on sent que M Enard est un amateur de cette région du monde, qu'il a les codes, la culture.
Il y a juste qu'il ne la rend pas vivante, qu'on ne s'en imprègne pas vraiment.Aucune odeur, aucune émotion (le poète homosexuel qui ne se déclare pas, c'est d'un lassant !!), Michel Ange et sa belle andalouse avec laquelle il s'allonge, idem.

Ou alors son éditeur ne s'est pas vraiment foulé...
En tout cas, ici on ne franchit pas cette frontière entre l'Orient et l'Occident, on subit cette lecture plus qu'on ne la vit.

Le roman (novella ???) est court, sans trop de rebondissements.
on peut faire tenir l'ensemble sur 5 lignes.

Michel-Ange arrive à Constantinople après des mésaventures avec le Pape.
Il découvre la ville.
Il réalise son plan après qu'on lui ait dit qu'on médisait sur son compte à Rome.
On tente de l'assassiner.
Il repart la queue entre les jambes.

FIN TADAM !!!

Au final, vous avez compris que je n'ai guère été convaincu, vive les médiathèques qui permettent néanmoins de s'ouvrir à d'autres styles littéraires.