Thursday, June 18, 2009

VIEILLIR

J’ai 35 ans et normalement encore de belles années devant moi.

Pourtant, il y a une chose qui m’angoisse : vieillir.

Inéluctable certes, un passage obligé, un gain de sagesse… La possibilité de voir grandir mes enfants et de les aider à faire leurs premières armes.
J’avoue que ces quinze dernières années, j’ai acquis davantage de maturité (heureusement), que j’ai appris à relativiser, à ne plus entrer dans l’immédiateté ou le choc de l’image, mais dans la réflexion et le comportement associé à mes envies. Je me rends compte de cette évolution qui à 20 ans me paraissait lointaine, inaccessible.
Je le dis haut et fort parce que je sais qu’être jeune, ce n’est pas marrant non plus, surtout lorsqu’on n’a pas vraiment de perspectives, lorsque les coups du sort décident de votre destin. Lorsque les règles ne paraissent que des chimères destinées à être mieux détournées. Lorsqu’on a envie de se rebeller au nom de principes dont on a qu’une idée assez idéaliste, mais qui au final montre que la plus noble des révoltes finit souvent en bain de sang ou en détournement de ses objectifs premiers.
Et voilà, il y a ce corollaire. A force de réfléchir, on se projette dans l’avenir.
Et là, s’ouvre un gouffre insondable. Qu’est-ce que je vais faire dans 35, 40 ans ?
Dans quel état serai-je ?
Bosser ? Si mon corps suit, j’y serai obligé. Mais serai-je assez productif pour mon employeur, ne cherchera-t-il pas à me pousser vers la sortie s’il ne l’a fait avant ? Déjà que de nos jours, le taux d’emploi des séniors est de 38, 2 %, comment évoluera la situation dans un monde économique où la variable d’ajustement est TROP souvent l’humain ?

Et si mon corps ne suit pas, si je deviens une pompe à médocs, un Monsieur qui renouvelle sa prescription comme tous les mois avec des dépenses toujours accrues, déficit de la sécu oblige, est-ce que je vais devenir une charge pour mes enfants ? Pour la société ?
D’ailleurs la société aura-t-elle évolué dans le regard qu’elle porte sur la personne âgée ? Cessera-t-elle de la considérer pas comme une sorte d'enfant aux capacités limitées et susceptibles seulement de regresser ?
Est-ce que l’état jouera son rôle de protecteur ? Ou me laissera-t-il à la merci d’êtres sans scrupules (après tout en 35 ans, on ne sait pas comment s'organisera le marché de la gestion de la vieillesse ) qui pomperont mes économies, si j’en ai amassé, avant de me jeter ?
Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions et je ne sais pas si d’autres les ont. Mais je crois que sans un état qui décide de prendre en charge les aînés les plus dépendants au sein de structures dignes de ce nom (petites et humaines surtout), publiques, de les chouchouter et une réflexion de chacun d’entre nous - Qu’accepterions-nous de sacrifier et quand pour que notre futur se déroule le mieux possible, sans accroc, ni pour nous, ni pour nos proches - cette peur que j’entretiens et que d’autres aussi peut-être n’est pas près de disparaître.
Vous en pensez quoi ?

Sunday, June 14, 2009

Votre Mort nous appartient, Antoine Lencou, Griffe d'encre


Ceci n’est pas une critique motivée par le copinage – si le copinage existait dans le milieu de la sf, cela se saurait non mais !!!! –

Antoine Lencou est un « jeune » auteur de 45 ans à qui l’on doit
1. quelques nouvelles dans des anthos chez Nestiveqnen, Oxymore, Khimaira, Lanfeust Mag (j’en passe et des meilleures car le bougre refuse de faire un site et pour compiler, il faut effectuer des recherches sur Internet… Je m’en vais lui monter une page wikipédia à celui là que ça va pas tarder.),
2. la direction d’une anthologie Les Portes chez Oxymore
3. et deux co-écritures avec votre serviteur (Oui, la seconde paraîtra dans une anthologie l’an prochain. Et toc une info !).
En fait, on a réalisé 3 coécritures mais la dernière est dans le vague pour l’heure. Enfin il s’agit d’obtenir une réponse… Mais vous vous en contrefichez !
Bref voilà, je l’avoue, je connais Antoine Lencou. Il m’a même co-dédicacé son opus « Votre Mort Nous Appartient ». Ah le choc !! J’ai cru qu’il ferait pire, qu’il mettrait Jess le Nain ou un truc dans ce genre car l’Antoine c’est un déconneur de première, un type qui ne se prend pas la tête pour un sou et ça c’est génial… (t’oublieras pas mon chèque à me remettre aux Utopiales.)
Mais parlons plutôt de sa novella.
Votre Mort Nous Appartient, c’est l’histoire de Roïn Venkoo, un gars mal dans sa peau dans un futur lissé, où les rapports sociaux sont hyper limités, où les I.A contenues dans les meubles devancent vos désirs, d’Olcéana, sa compagne pleine de vacuité qui joue les artistes en quête d’absolu et d’un chef d’entreprise pourri jusqu’à la moelle…
Roïn est si mal dans sa peau qu’il veut se suicider. Or dans ce futur, impossible de mettre fin à ses jours sans autorisation administrative et c’est là que tout dérape… Roïn passe outre, il est ressuscité et condamné à l’équivalent de nos T.I.G… Débute pour lui une enquête qui pourrait bien remettre en cause les fondements de l’ordre social.
Antoine Lencou est un auteur à part car il refuse la filiation avec ses prédécesseurs. Il a lu, il a assimilé, mais il ne l’étale pas sur les murs. Son inspiration à lui, celle qu’il assume, c’est l’automate qui vous dit « merci » après que vous lui ayez payé votre essence, le distributeur de billets, l’obséquiosité poussée à son paroxysme et la fausseté que l’on trouve dans les rapports humains. C’est aussi un sens aiguisé de l’ironie, de l’humour noir ou de l’humour à deux balles qui fait mouche. Parce qu’Antoine Lencou n’a qu’une envie : nous offrir un bon moment en compagnie de ses personnages et il ne s’en cache pas.
Si l’on bafferait volontiers son héros au début tant il est mou, l’empathie s’installe puis on le suit avec un réel plaisir, subissant un poison en guise de compagne, une tripotée de meubles intelligents qui le prennent de haut et avançant dans sa vie malgré le peu de goût qu’il éprouve pour l’existence. Le futur dépeint par le Père Lencou n’est pas celui du catastrophisme habituel ; c’est au contraire un univers tranquille, policé, où chaque geste, chaque comportement est anticipé, où les humains télétravaillent et refusent de se déplacer. Où Roïn apparaît comme un anachronisme, une hérésie.
Confronté à certaines découvertes, il va commencer à évoluer, à se réveiller… A jouer avec le système à son tour.
Disons le d’emblée certains passages sont tordants, la truculence des meubles ravit le lecteur. On nage parfois dans le non-sens avec un plaisir véritable. Ayant lu la première version de cette novella, je peux vous certifier qu’un véritable travail éditorial a été réalisé par le staff de Griffe d’Encre, que l’on bouquine ce livre avec un plaisir perpétuel et qu’on n’a pas trop envie de le lâcher. Le style est fluide, agréable, les dialogues font mouche.

Pour commander le livre, c'est chez griffe d'encre
(j'ai pas trouvé le lien sur amazon, mais dès que je le rajoute, faut essayer de payer l'hébergement du site zut !)

Pour faire le râleur, sinon on va m’accuser de copinage avec Griffe d’Encre, je dirai juste que certains dialogues auraient gagné davantage en efficacité s’ils avaient été réduits… Mais bon si vous avez envie de passer un bon moment, lisez l’Ankou, euh Lencou !!! Antoine de son prénom. C'est drôle, c'est frais, c'est fun...

Friday, June 12, 2009

Envoyé spécial : Visages de crise

Visages de crise
Un reportage de Hugo Plagnard, Thomas Donzel et Samuel Humez

Intéressant, émouvant et révoltant reportage que celui de Hugo Plagnard.


On est rassurés de voir que France 2 a enfin d'autres choses à nous proposer que les téléfilms et films se déroulant dans les années 40 parce qu'en ce moment, c'est la saturation à ce niveau.

Visages de crise, c'est donc la crise qui arrive dans deux entreprises : une PME de 19 personnes et une autre dans l'Oise où 219 personnes se retrouveront sur le carreau, délocalisation oblige ! Je ne dis pas dans quel pays, ce serait malvenu...

C'est autant de coups de gueule, de vies mise à mal du jour au lendemain, des incertitudes, des dissensions et la peur au ventre pour les employés des deux sociétés ou le patron de la PME de l'Aveyron.
C'est le chômage qui se pointe, une réalité horrible, la négation du référentiel "travail" autour duquel on bâtit sa vie, le bouleversement d'existences et l'obligation de se poser de nombreuses questions sur l'après, sur la reconversion, sur la formation ! Sur ce que notre société peut faire pour atténuer l'impact de ces licenciements...
Qu'on cesse donc de focaliser sur l'argent -l'indemnisation - pour placer la fierté des employés et de ceux qui s'en donnent pour dégotter des contrats au centre de la réflexion. Que notre société devienne celle de la mutation perpétuelle, cad de la capacité de rebondir. Alors le stress dans l'entreprise diminuera, alors la consommation de tranquillisants baissera.

"On a de l'argent (la prime de licenciement), mais ils n'ont pas parlé de travail " constate un salarié dégoûté.

A toutes et tous, je vous souhaite de retrouver un job, un vrai. A Mesdames et Messieurs nos politiciens, je vous souhaite d'avoir des idées originales pour permettre la sortie de crise autrement que par la violence qui se pointe, inéluctable.

Thursday, June 11, 2009

Les Rivages de la Nuit de Graham Masterton

Deuxième tome de la trilogie entamée avec les Guerriers de la Nuit, le roman « Les Rivages de la Nuit » s’avère beaucoup plus réussi.

Lenny a assisté à la mort de sa mère, il vit désormais avec son père qui s’est remarié. Tout irait pour le mieux si les nuits de Lenny n’étaient pas peuplées de cauchemars qui prennent corps... et empiètent sur la réalité !



Dans ce second volet des aventures des guerriers de la nuit, Masterton suscite l’empathie dès le départ. Une histoire ordinaire que celle de ce gamin, de sa famille recomposée. Puis la réalité dérape rapidement avec le meurtre sauvage de la belle-mère du petit et les soupçons qui ne tardent pas à converger vers l’enfant.
Renouant avec l’efficacité qui lui faisait défaut, à mon sens, dans le premier tome, Masterton nous offre une sorte de Freddy mais en beaucoup plus efficace et sans grand-guignol. La nature de l’ennemi longtemps indéterminée et rattachée ensuite à l’Histoire est intéressante à maints égards. L’arrivée assez tardive des guerriers de la Nuit, leurs échecs, les cauchemars variés de Lenny comptent pour beaucoup dans la réussite de ce roman.
De plus, comme on a pu se familiariser avec le côté manga/comics dans le premier tome, celui-ci se révèle fort intéressant avec des guerriers de la nuit méritants, des supers pouvoirs adaptés…
Bref vous l’aurez compris les Rivages de la Nuit est un bon Masterton. Distrayant, efficace et que demander de plus ?

Monday, June 01, 2009

Les guerres modernes, racontées aux civils ... et aux militaires. par Pierre Servent

La guerre, phénomène universel s'il en est, a fortiori dans une époque aussi troublée que la nôtre. Fléau qui a épargné notre Europe de l'Ouest depuis une soixantaine d'années...
Pourtant nos armées continuent de se battre ailleurs, au nom de la paix (quel paradoxe!). Mais les guerres actuelles ont-elles encore une parenté avec ces grandes batailles de jadis ? La technologie (les yeux du ciel) n'ont-ils pas supplanté le fantassin ? Gagne -t-on encore une guerre par les armes ?



Pierre Servent est un ancien journaliste de la Croix et du Monde, il est spécialiste des questions de défense et de stratégie pour de nombreux médias.
Son ouvrage s'intéresse aux conflits récents de ces 20 voire trente dernières années.
A travers la lecture de cet essai, on découvrira la réalité martiale de l'Afrique au Moyen Orient (opérations israeliennes au Liban et dans la bande de Gaza), en Irak, en Somalie, en Tchetchenie et enfin en Afghanistan. L'ouvrage comporte d'ailleurs en annexe le compte rendu d'audition du GAL Georgelin du 10 /09/2008. Cette audition fait suite à la mort de soldats français dans l'embuscade d'Uzbeen.


Que retenir de cet intéressant ouvrage ?

Tout d'abord, Servent met en évidence la dualité des derniers conflits.
D'un côté des armées ultra modernes, professionnelles, occidentales où le dogme du "zéro perte" préside ; des armées dont les actions sont dépendantes de l'opinion publique et de sa versatilité. N'est-ce pas ces opinions qui estiment justifiées des opérations de maintien de la paix ?
De l'autre des combattants pauvres le plus souvent, rivalisant d'ingéniosité pour marquer les esprits des opinions publiques occidentales et mener une guerre à moindre coût. Des combattants pour qui la mort agit souvent comme une délivrance.
L'auteur nous montre ensuite l'importance que les insurgés attribuent à l'utilisation des médias et leur capacité à les utiliser pour leur propagande.

Des exécutions instrumentalisées en Irak et en Tchetchénie, aux captures de soldats, en passant par les attentats, sans oublier l'utilisation de civils comme boucliers humains, le journaliste nous dresse un état des lieux inquiétants où l'on comprend que l'image devient un enjeu primordial, que les nouvelles technologies sont un enjeu dans ces batailles. L'auteur nous expose d'ailleurs que certains groupes terroristes disposent de "services" chargés d'étudier l'impact de leurs actions sur les opinions publiques occidentales... En réaction, les caméras sont de plus en plus embarquées dans les opérations des soldats occidentaux.

Devant des guerres aussi traumatisantes où l'ennemi peut être l'ami diurne, où femmes, enfants peuvent être utilisés, le militaire en opération se retrouve souvent au bord de l'abîme. Dans cet environnement, l'homme peut se laisser submergé par le désir de vengeance (Haditha), entrer dans une phase de brutalisation et de massacre. Les nouvelles technologies (blogs, internet...) peuvent conduire le militaire à partager avec le monde son quotidien et Servent nous raconte ainsi que de nombreuses images d'Irak sont parvenus au monde via ce canal...

L'essai nous évoque ensuite ces guerres où la victoire militaire ne suffit plus, où le conflit continue de durer, faute d'armistice. La reconstruction, l'aide économique (pourvu qu'elles parviennent aux populations ) deviennent alors les seuls gages de stabilité dans des pays régis par des structures tribales ou claniques.
"moi contre mon frère, mon frère et moi contre mon cousin, mon frère mon cousin et moi contre l'étranger" : de ce proverbe cité par l'auteur, on comprend que le retour à la paix ne peut être fait par l'unique usage des armes.

La guerre est aussi repensée, par l'arrivée des ethnologues qui permettent de mieux cerner les réalités locales et d'éviter les bavures, vexations, par le mix entre professionnels et réservistes issus de la vie civile... Par l'utilisation du renseignement. Servent revient ainsi sur l'intervention en 2006 d'Israel au Liban, mal préparée et les conséquences pour Tsahal.


L'essai se conclue par une annexe intéressante, dans laquelle des parlementaires interrogent le general Georgelin sur la présence française en Afghanistan. Une véritable guerre... J'ai cependant eu l'impression que certaines questions n'avaient pas obtenu de réponses. Ou alors la version est tronquée ?

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Complété d'autres ouvrages cet essai s'avère intéressant pour mieux cerner notre époque, ses troubles, ses zones de tension. La politique étrangère.

...
Juste pour conclure.
quelques données qui amènent à réfléchir

Somalie : depuis 1991, le pays n'a plus de gouvernement central. L'intervention de l'onu et la mort de militaires américains (19) relatés par le film de Ridley Scott "LA CHUTE DU FAUCON NOIR" conduisirent les nations unies à se retirer du pays.

Depuis la seconde guerre mondiale, 80% des pertes dans les guerres sont des civils.

taux de suicide des GI revenant d'Irak. http://www.mysanantonio.com/military/War_lingers_GI_suicides_rise.html