J’ai 35 ans et normalement encore de belles années devant moi.
Pourtant, il y a une chose qui m’angoisse : vieillir.
Inéluctable certes, un passage obligé, un gain de sagesse… La possibilité de voir grandir mes enfants et de les aider à faire leurs premières armes.
J’avoue que ces quinze dernières années, j’ai acquis davantage de maturité (heureusement), que j’ai appris à relativiser, à ne plus entrer dans l’immédiateté ou le choc de l’image, mais dans la réflexion et le comportement associé à mes envies. Je me rends compte de cette évolution qui à 20 ans me paraissait lointaine, inaccessible.
Je le dis haut et fort parce que je sais qu’être jeune, ce n’est pas marrant non plus, surtout lorsqu’on n’a pas vraiment de perspectives, lorsque les coups du sort décident de votre destin. Lorsque les règles ne paraissent que des chimères destinées à être mieux détournées. Lorsqu’on a envie de se rebeller au nom de principes dont on a qu’une idée assez idéaliste, mais qui au final montre que la plus noble des révoltes finit souvent en bain de sang ou en détournement de ses objectifs premiers.
Et voilà, il y a ce corollaire. A force de réfléchir, on se projette dans l’avenir.
Et là, s’ouvre un gouffre insondable. Qu’est-ce que je vais faire dans 35, 40 ans ?
Dans quel état serai-je ?
Bosser ? Si mon corps suit, j’y serai obligé. Mais serai-je assez productif pour mon employeur, ne cherchera-t-il pas à me pousser vers la sortie s’il ne l’a fait avant ? Déjà que de nos jours, le taux d’emploi des séniors est de 38, 2 %, comment évoluera la situation dans un monde économique où la variable d’ajustement est TROP souvent l’humain ?
Et si mon corps ne suit pas, si je deviens une pompe à médocs, un Monsieur qui renouvelle sa prescription comme tous les mois avec des dépenses toujours accrues, déficit de la sécu oblige, est-ce que je vais devenir une charge pour mes enfants ? Pour la société ?
D’ailleurs la société aura-t-elle évolué dans le regard qu’elle porte sur la personne âgée ? Cessera-t-elle de la considérer pas comme une sorte d'enfant aux capacités limitées et susceptibles seulement de regresser ?
Est-ce que l’état jouera son rôle de protecteur ? Ou me laissera-t-il à la merci d’êtres sans scrupules (après tout en 35 ans, on ne sait pas comment s'organisera le marché de la gestion de la vieillesse ) qui pomperont mes économies, si j’en ai amassé, avant de me jeter ?
Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions et je ne sais pas si d’autres les ont. Mais je crois que sans un état qui décide de prendre en charge les aînés les plus dépendants au sein de structures dignes de ce nom (petites et humaines surtout), publiques, de les chouchouter et une réflexion de chacun d’entre nous - Qu’accepterions-nous de sacrifier et quand pour que notre futur se déroule le mieux possible, sans accroc, ni pour nous, ni pour nos proches - cette peur que j’entretiens et que d’autres aussi peut-être n’est pas près de disparaître.
Vous en pensez quoi ?
2 comments:
Arf ! Moi je pense qu'il est anormal de vivre très longtemps, très vieux, dans nos pays de nantis, alors qu'ailleurs, l'espérance de vie ne dépasse pas 45 ans...
Ca ne veut pas dire que je n'ai pas peur de vieillir. A vrai dire, j'ai déjà peur du présent, alors l'avenir, c'est dire comme il m'effraye !
Il faut aussi arrêter de donner dans l'auto flagellation constante,
nos pays ont mis des siècles à parvenir à combattre la surmortalité.
Pour ce faire, il a fallu que les dirigeants changent, qu'ils arrêtent de s'en mettre plein les poches ou qu'ils arrêtent de se battre pour des territoires. Et je ne parle pas de la limitation des naissances. A l'heure actuelle, de nombreux pays où l'on ne vit pas vieux sont confrontés à ce genre de dirigeants, à des structures sociales ou economiques que l'on qualifierait d'archaïques ou plutôt pour ne pas être péjoratif, pour ne pas les dénigrer, à des structures peu propices à une élévation du niveau de vie. Quant au contrôle des naissances, il me paraît évident qu'il faudrait qu'il ne reste pas un voeu pieux. Que si avoir des enfants permet de survivre, il n'est pas non plus un gage d'avenir serein pour autant.
Ensuite dire que nous Occidentaux sommes des affameurs me paraît tout de même abusif. Ou alors si nous en sommes, c'est indirectement comme dans le cas des cultures de soja. Mais les choses changent, nous avons la chance d'avoir des démocraties (pour l'instant), de nous réveiller... Mais si culpabilité, il y a sur ces questions, elle est partagée.
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