Wednesday, November 26, 2014

La Fabrique du Crétin / la mort programmée de l'école / J-P Brighelli


Dans cet ouvrage, Jean-Paul Brighelli dresse un état des lieux de l'institution éducation nationale.

Constat féroce d'une école de la République où l'ascenseur social est tombé en panne, où le niveau baisse même si les chiffres disent le contraire. Où l'action combinée des pédagogues et des néo-libéraux aboutit à une fabrication de futurs cddisables.

Le crétin, ce n'est pas l'élève, c'est un monstre qui fabrique des générations d'enfants, futurs serviteurs d'un régime orwellien dixit l'auteur.


Ecrit en 2005, la Fabrique du Crétin met en lumière une école qui change, mais pas en bien.
D'un système destiné à apporter la Culture aux élèves de toutes les origines sociales, l'institution est passée selon Brighelli à une dispensatrice de vagues savoirs pour les élèves des catégories ordinaires (on baragouine quelques formules en anglais, on utilise l'informatique, on traite du discours (le fond pas le pourquoi du comment) ) et à une école inchangée pour les élites (les élites utilisent toujours les mêmes méthodes de travail et ne se mélangent plus, les élites ont la culture qui compte, il n'y a guère de renouvellement).

Pour l'auteur, les pédagogues recrutés dans les mouvements 68tards ont voulu remettre à plat le système pour lutter contre l'autoritarisme (lequel leur avait pourtant réussi), ce qui a inquiété les ultra-libéraux, mais ceux-ci auraient su tirer parti de cette situation en imbriquant l'école et le milieu professionnel, en développant une école de plus en plus tourné vers le monde du travail.
On donne quelques compétences aux élèves, mais celles ci seront inutiles une fois sur le marché du travail... On engraisse le troupeau des corvéables à merci.

Il y a chez Brighelli une sincérité évidente (oui l'avis d'un élève qui n'a aucune référence ne vaut pas celui d'un élève à qui l'on aurait apporté la culture, laquelle lui permet ensuite de réfléchir et de justifier ses choix. Avant d'argumenter et de jouer les rebelles, ayons de quoi argumenter). Il faut une école qui joue son rôle d'ascenseur social ET reste un sanctuaire.
Mais il y a également certains oublis et le refus de voir qu'une partie de la population a déjà décroché, qu'il faut concentrer des efforts aussi sur le rapport à l'école, trouver un moyen de la réconcilier avec des générations sacrifiées.

En clair, la Fabrique du Crétin apporte des constats lucides sur les enjeux de l'école (des constats qui déplairont à certains), sur cette mutation qu'elle subit...






1 comment:

Anonymous said...

J'avais aussi lu ce livre qui m'avait bien interpellé, en tant que simple citoyen, pas vraiment impliqué dans le système éducatif.

Ce que j'en avais pensé à l'époque (bigre, 2006 !) :
http://mamar68.wordpress.com/2006/10/07/la-fabrique-du-cretin/