Sunday, January 13, 2013

Marelle d'Ombres de Denis Labbé

Il est des auteurs que l'on croise en salon et que l'on n'a pas vraiment lu. Manque de temps, pas d'occasion... Pourtant on a discuté avec eux et le courant est passé. Ils ont l'air d'avoir des trucs intéressants à raconter... Toutefois, ils ne trustent pas quelques forums, quelques sites faiseurs de pluie et de beau temps, encensés comme des dieux.

Dernièrement, je me suis procuré les ultimes recueils de Denis Labbé.
Marelle d'Ombres aux Editions Argemmios et Miroirs d'Ambre, editions Lokomodo.

Aujourd'hui je vais vous parler de Marelles d'Ombres.
Disons le clairement un recueil de nouvelles, c'est autant d'instantanés d'un auteur, autant de variations dans son écriture à l'inverse d'un roman, oeuvre de plus longue concentration.

Marelle d'Ombre débute dans le Paris décadent de la fée verte et des dandys, il s'agit de deux textes parus initialement au Calepin Jaune. D'emblée, le style frappe. Il n'est pas ampoulé , il est beau, efficace et ça marche diablement bien. On s'immerge avec les personnages, on éprouve pour eux une réelle empathie.
Très bon début.

Vient ensuite Agent de la Camarde que j'avais lu dans l'emblème Venise Noire des editions de l'Oxymore. Bizarrement, ce texte m'a moins séduit, peut être car son principal protagoniste est une héroïne... Là, on sent que Denis Labbé a voulu trop jouer sur les tournures de phrase et l'émotion passe moins. L'équilibre n'est pas respecté entre intrigue et style. C'est mon avis sur la question.

Vient ensuite l'excellent Papillons de Nuit, une nouvelle en banlieue, confrontation entre des djeuns et une femme séduisante. C'est vivant, plein de gouaille, on y croit d'un bout à l'autre, encore une fois de l'émotion, de l'efficacité dans cette capacité à instiller l'horreur au quotidien.

Helldorado était paru dans l'anthologie ainsi soit l'ange, toujours chez l'oxymore. Ce texte que j'avais déjà lu sous une forme un peu différente m'a emballé, parce qu'il se passe sur la RN 49, une route que j'empruntais quotidiennement autrefois. J'adore les deux personnages... La chute vaut son pesant d'or.

Viennent ensuite la Coupe de ton regard, un brin classique mais terriblement efficace, un Meurtre de corbeaux original et intimiste où comment le bricolage peut faire naître le fantastique.

Puis nous partons pour l'Altaï avec Kourgane de mon coeur qui m'a un peu laissé de marbre... L'idée est bonne, le traitement aussi, mais c'est mon ressenti. Moins efficace que l'épisode dx files le champ où je suis mort...

J'évoquerai ensuite links 2, 3, 4 par référence à Rammstein... Alors là Denis Labbé si tu lis cette chronique, tu mérites deux claques parce que tu avais de quoi faire un super roman. C'est à mon avis l'une des meilleures nouvelles de ce recueil. Une uchronie où la seconde guerre mondiale s'est jouée entre vampires, loup garou à l'instar du roman de Mc Cammon. Le thème est porteur, on éprouve de l'empathie pour les personnages... Bref un très très bon moment.

Je passerai sur le texte consacré à Lilith qui ne m'a pas passionné.

En revanche la cage avec le mythe de la création est superbe, romantique et tout. Enfin le virtuel devient humain.

Corpus clot le recueil : c'est une nouvelle assez prenante, mais pas la plus percutante.


Au travers de Marelle D'ombres transparaît l'amour de l'auteur pour la peinture (Caravage, Titien), la musique hard rock ou le rock simplement.
C'est un très bon recueil même si la quatrième de couv' m'a un peu fait peur au début délicatesse d'esthète et malignité insidieuse 'plume ciselée et envoûtante".
J'avais peur que le mot prime sur les histoires.
Mais non.
Le style de Labbé est prenant, enthousiasmant, ce n'est pas un style surjoué à l'inverse de certains auteurs qui se regardent écrire et que l'on encense volontiers surtout en France. Labbé écrit et raconte, il ne vous ennuie pas ! Il vous prend par la main et c'est ainsi que l'on éprouve un vrai plaisir teinté de regrets le bouquin refermé.

L'auteur travaille sur une série zombiesque, j'attends de voir cela avec impatience. Aussi je concluerai cette chronique en disant qu'Argemmios a fait un excellent travail au point de vue mise en page du livre, absence de coquilles, couverture splendide... Il serait temps que des lecteurs rendent hommage à ce défrichage de talent. Quant à Denis Labbé, j'espère que l'on aura encore l'occasion de découvrir d'autres pépites de ce genre...




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