Sunday, January 29, 2012

L'école est finie (Y Grevet)

2028, les enfants les plus pauvres ne vont plus à l'école publique trop onéreuse pour leurs parents, mais dans des écoles d'entreprise où on ne leur apprend que leur métier et tout ce qui gravite autour. Mais des pauvres se rebellent contre cet état de fait et envoient leurs enfants dans des écoles du maquis dont l'enseignement est dispensé par des instits retraités etc.
Ceux-là (élèves, instits) sont recherchés par les autorités, traqués.





Ma libraire jeunesse préférée AU pied de La Lettre, Arras, m'avait vivement recommandé l'oeuvre de Y Grevet (Meto). Hélas comme le livre n'était pas disponible, je me suis rabattu sur cet opus.
Disons le clairement, c'est la 4eme de couv qui m'a titillé et non pas la couv en elle-même, à l'allusion évidente d'une célèbre chaîne de fast-food, laquelle pourrait être complétée par des affiches d'organismes comme l'unef  voir ici.

Y Grevet est sincère dans son propos militant et je pense que c'est un homme généreux. Il nous dépeint un futur très proche où les enfants dès le CP s'engagent à bosser pour des entreprises, à ne suivre que leur enseignement. Où la pauvreté rend à l'expression "corvéable à merci" tout son sens. Enseignant en CM2, il entend dénoncer la marchandisation  de l'enseignement.  Il nous montre un monde ultra libéral où la débrouille devient monnaie courante, où les droits de chacun, surtout des plus humbles, se sont étiolés au point de ne quasiment plus exister... Où la police traquent les enfants qui vont dans les écoles du maquis. Mais le constat passé, je en suis pas sûr que le propos touchera des enfants de neuf ans, le public de cet ouvrage. Vont-ils mesurer leur chance de bénéficier d'une instruction par rapport à des enfants exploités ? Pas sûr...
Le style simple va droit au but et pourra leur plaire.
Quant à ce roman, il ouvrira le débat chez des adultes capables de discussion, je l'espère.

Par ailleurs l'univers m'a paru un point bancal. Si les enfants passent par une école du maquis, comment trouveront-ils une place dans cet univers hyper policé, hyper contrôlé ? Car là est le fond du problème, tout ce système fonctionne sur la base du renoncement étatique et des citoyens les plus fragiles. Ou alors on bâtit une société parallèle ?
La fin annonciatrice de révolte m'a paru là encore un espoir de l'auteur, mais elle occulte tout de même le fait que  l'école est une première porte d'entrée vers la vie adulte : former des élèves capable de raisonnement oui, mais il faut aussi préparer l'école à être un sas vers la vie professionnelle sans tomber dans les travers dénoncés. L'école, le lycée, l'université doivent, j'en conviens le premier dispenser un enseignement de qualité, aider les apprentis citoyens à se former en leur donnant les éléments de culture générale nécessaires, mais ils doivent aussi leur permettre de se connecter à une vie professionnelle.
Bref, une lecture satisfaisante, exigeante, trop à mon humble avis pour des enfants.

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