Karine Giebel a publié son premier roman en 2005.
Elle en est depuis à son huitième.
Maître du thriller, j'avais eu le plaisir de la découvrir avec Purgatoire des Innocents que j'avais adoré. Ravi par cette expérience, je me suis donc plongé dans les Morsures de l'Ombre.
10 lignes, c'est le temps d'immersion dans ce livre.
Le Commandant Lorand se réveille dans une cave, dans une cage.
En face de lui, une belle jeune femme qui le définit comme coupable.
Coupable de quoi ? Il l'ignore.
Elle attend des aveux, elle fera tout pour les obtenir...
Et Lorand va bientôt basculer en enfer.
Intensité, nervosité, au bord du gouffre, malsain, psychologiquement perturbant : Les Morsures de l'Ombre c'est tout cela à la fois.
Karine Giebel brise l'homme phallique, dominateur, pour le renvoyer au rang de proie à la merci d'un prédateur sans limite. Lorand, séducteur invétéré, va peu à peu comprendre qu'il n'est plus rien entre les mains de Lydia, la belle jeune femme, brisée à l'intérieur. Dans cette cave, son pouvoir s'estompe pour confiner au néant.
Jour après jour, il va vivre le calvaire d'ordinaire réservé aux jeunes femmes dans nos sociétés emplies de misogynie. En effet, on a plus "l'habitude" (je déteste ce terme), de voir de pauvres belles être prises par un horrible psychopathe qu'un homme dans la force de l'âge. Et c'est justement par ce retournement des rôles, à mon sens, que Karine Giebel réussit une fois de plus un coup de maître.
Le roman est haletant. Les rebondissements se suivent, les révélations apparaissent au compte-gouttes. Et alors que l'on croyait le fond atteint, on découvre qu'un bourreau n'a pas de limite. On se met à trembler pour le flic, sans justifier ses errements pour autant. Car dans ce roman, aucun personnage n'est exempt de défaut, donc d'humanité, tous ont leurs secrets et l'on suit cette histoire avec une envie de savoir : pourquoi Lorand doit-il expier ?
Les fausses pistes, la plume de Karine Giebel nous happent, je l'ai déjà dit, très rapidement.
Les chapitres sont de parfaits mécanismes, rien de trop long, ni trop court, juste la capacité de faire mouche à chaque page. Et en cela, Giebel révèle son talent qui explose.
Si la thématique du huis clos se retrouvait déjà dans le précédent livre que j'avais lu de cette brillante auteure, il n'en demeure pas moins qu'elle sait la renouveler.
Les Morsures de l'Ombre est un roman puissant, mais il est réservé à des lecteurs avertis, voire très avertis.
Brillant.
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