Friday, March 11, 2016

Satan était un Ange, Karine Giebel

D'un côté, François, avocat atteint d'une tumeur cérébrale incurable.
Une vie foudroyée en pleine gloire, en pleine quête de valeurs d'un siècle qui se cherche, c'est à dire un homme persuadé jusqu'ici que la vacuité ambiante est la norme.

De l'autre, Paul, un jeune homme qui trimballe un passé lourd comme le plomb...
Un jeune homme qui fuit, mais quoi ? Qui ?


Il est des romans qui vous touchent parce qu'à un instant T de votre vie, ils vous frappent au coeur.

Le cancer, une maladie si répandue, si commune et pourtant toujours destructrice... Avec des diagnostics très variables.
Karine Giebel a choisi de mettre en scène un homme qui sait qu'il va mourir, qui réalise soudain combien la vie ce n'est pas que le fric et la gloire... Mais lorsqu'on réalise, c'est souvent parce qu'il est trop tard. Parce qu'on n'a plus que les larmes à verser... Et la colère contre soi même. Contre ce que l'on a loupé.

Un soir, François, qui va il ne sait trop où, embarque Paul un paumé et peu à peu un étrange lien se tisse entre ces deux êtres que rien n'aurait dû réunir. Un lien de violence, de meurtres car on est chez la Maîtresse du Thriller.



A l'inverse de ses autres ouvrages très violents, Satan était un Ange est un livre qui vous parle à l'âme. Bien sûr, il y a les péripéties, le parcours sanglant de Paul, mais à côté, il y a cette mise en abime avec François. François qui rachète, qui sauve, qui après avoir été un représentant voire le parangon d'un système merdique (je simplifie à l'extrême), devient un phare pour un gamin paumé.

Toute la force de Satan était un ange réside dans ce lien unissant les protagonistes, dans l'authenticité des réactions de François face à la maladie, à ses symptômes... Colère, rancoeur, dépit.

Quant à Paul, c'est la représentation de la jeunesse pervertie par notre société, gavée de fric, de facilité, réagissant aux coups de la vie... Servant un système qui l'a asservi.

Le roman est brillant, un style épuré, des rebondissements comme il en faut.
Mais avec Karine Giebel, on se retrouve devant une technicité invisible (j'entends par là que l'auteur utilise d'artifices que vous ne voyez pas venir et qui vous transporte)

En résumé, Satan était un ange est un roman à part dans l'oeuvre de Karine Giebel, un roman brillant car teinté d'une humanité authentique. Un roman qui parle d'espoir lorsqu'il n'y en a plus.

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