Calais, sa jungle de réfugiés, ses associations qui tentent de venir en aide à ce déferlement de misère humaine en quête de l'el dorado britannique, CRS / NO BORDER qui s'affrontent.
Calais, c'est aussi la ville d'Orca, un flic aux méthodes parfois expéditives.
Lorsqu'une réfugiée afghane massacre le bébé auquel elle allait donner naissance, Orca pressent qu'il y a anguille sous roche et malgré une hiérarchie hostile, il va fouiller la merde et ce qu'il va trouver...
Avec Migrants Express, Michel Vigneron nous transporte à Calais. Pas de bons, pas de mauvais, juste des réalités humaines antagonistes qui ne peuvent que déboucher sur une situation tendue, le reflet d'une société mondialisée détraquée. D'un côté, des réfugiés en quête de l'Angleterre et prêts à prendre tous les risques pour la rejoindre, de l'autre des flics à cran, donnant parfois libre cours à leurs instincts les plus bas, au milieu des associations humanitaires plus ou moins désintéressées et quelques groupuscules en quête de grand soir.
Le propos de l'auteur est mesuré, réaliste : humain. Ce sont des histoires individuelles qui se confrontent. Vigneron n'occulte rien sur ce que vivent les réfugiés, la fuite de régimes dictatoriaux, l'espoir d'une vie meilleure (miroir aux alouettes ?), la vie dans la jungle, la haine qu'ils suscitent, il est aussi très réaliste dans l'approche de son sujet, sur les motivations de certains faux humanitaires en quête de subventions publiques, sur le racisme larvé de certains flics. Pas de généralisation, mais des cas qui existent, une situation pourrie qui pourrait s'envenimer en quelques heures.
Orca, lui, est une sorte d'inspecteur Harry. Dirty Orca est d'ailleurs son surnom. C'est un flic pugnace, mais il y aussi en lui une part d'ombre qu'on retrouvait chez l'embaumeur façon Vigneron. Prompt à user de son flingue, il va pourtant démontrer une ténacité hors du commun et de l'humanité face à cette réfugiée qui a massacré son enfant.
C'est bien écrit, c'est prenant, c'est enfin une vision loin des MEDIAs. Orca est un personnage avec des cojones, un type qui a une vision de la justice et de l'ordre, mais une vision qui se confronte à notre société actuelle où les contraintes budgétaires font de la justice et de l'administration pénitentiaire, les parents pauvres de l'état, idée aussi développée par Norek dans Surtensions.
Mais... MAIS IL Y A LE FINAL.
Et là, je trouve que Michel Vigneron va trop loin, beaucoup trop loin dans l'horreur. Une scène insoutenable à mon goût.
Au final Migrants express est donc un roman prenant, écrit à hauteur d'hommes avec une vision réaliste de la situation calais, mais un roman pour adultes avertis néanmoins.
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