Le dernier Olivier Norek sortira le 31 mars, j'ai eu le plaisir de lire les épreuves non corrigées....
Un centre pénitentiaire, des détenus terrorisés par des congénères violents, une administration dépassée ou parfois corrompue... L'enlèvement d'un jeune Juif dans une cité de la banlieue parisienne... Une équipe de flics menée par Victor Coste qui tente de maintenir un semblant de présence étatique dans une société violente, partant en vrilles...
Difficile de résumer le dernier Norek. Si ce n'est que c'est un roman éclaté en apparence.
Les intrigues si distantes au départ nous montrent une France mise à mal par des coupes budgétaires (pénitentiaire, police, justice), par l'abandon de l'autorité rassurante, par un laisser aller, par une Justice dépassée par de nouvelles formes de criminalité nées de la crise, de la médiatisation d'affaires violentes, par l'argent facile.
Car en fait tout tourne autour de cette notion de plaisir facile, de céder à ses pulsions. Que ce soit l'enlèvement, le meurtre, le vol, le plaisir pervers, Norek pointe les travers d'une société où le libéralisme, l'instantané et le relativisme des moeurs conduisent à transformer des individus en criminels. Où l'arme devient prolongement de personnes sans doute, à la morale effacée.
A côté, Coste et son équipe font figure de personnalités usées, dépassées par cette ambiance, par cette possibilité d'être lynchées médiatiquement ou par des supérieurs carriéristes. Et puis la vie d'un flic qui se prend toute cette misère intellectuelle ou sociale en pleine tronche n'est pas simple. Les retrouvailles sont une manière de lutter contre la pression. Mais sitôt seul, on redevient un homme ou une femme.
Dans la prison, il y a les codes de prisonniers, leurs règles qui dépassent celles de la République. Celle-ci semble en retrait. C'est violent, c'est cru, c'est le constat d'un échec. C'est un roman sombre. Le constat d'une époque. Pourtant au milieu de cette société à part émerge parfois un hommage, une reconnaissance... Tout ne serait donc pas perdu ? Ou alors tout n'est-il donc qu'une question de respect que l'on gagne ?
Puis peu à peu, les pièces du puzzle vont s'imbriquer, emportant les personnages dans la folie, dans la violence, dans le dégoût. C'est beau, c'est un opéra, c'est puissant, vibrant. On dévore ce roman plus que Territoires qui était déjà un excellent roman. Il n'y a aucun temps mort.
Olivier Norek a construit Surtensions comme un thriller efficace avec plusieurs enquêtes qui nous montrent différentes facettes de la société criminelle. Les chapitres sont bien calibrés, les émotions sont intenses, le doute nous tiraille. Les relations entre les personnages résonnent en nous. Rien ne nous est épargné, mais pas dans un souci de nous choquer, plutôt de nous réveiller je dirais. Existe-t-il encore des limites ???
Volontairement, je n'en dévoilerai pas davantage, mais Surtension est à mon avis le meilleur Norek. Un roman que l'on devrait faire lire à tous nos politiciens démagogues aux donneurs de leçons, un roman qui révèle une société fissurée, fracassée..
Bravo Olivier et je te fais confiance pour que les prochains soient encore meilleurs.
No comments:
Post a Comment