Wednesday, April 29, 2009

Terreur de Dan Simmons (ou Jess Kaan est-il un lecteur hors coeur de cible ???)

Tandis que les forums de l'imaginaire ( cafard cosmique, actusf...) s'agitent autour de l'anthologie Dragons : Anthologie chez
Calmann Levy et de la chronique/ critique de Denis Labbé sur le fantastique.net qui se résume à "je n'ai pas tout aimé notamment le texte de x ET y", j'ai choisi de vous parler de ma lecture de Terreur de Dan Simmons, livre encensé sur le web...

Disons le d'emblée, je ne me revendique pas comme critique, mais plutôt comme lecteur essayant de rester serein dans un monde où la moindre divergence d'opinion s'apparente parfois à un crime de lèse-majesté... exemple vécu
"Comment tu n'as pas aimé untelle ? Mais ce qu'elle écrit est extraordinaire...
- oui, mais je trouve que ça manque d'histoire... le style ne fait pas tout...
- bon je te laisse... Il pige vraiment rien ce Jess..."


Précédé d'une réputation de best seller, Terreur m'attirait et je n'entendais pas attendre son passage en poche pour l'acquérir... Dan Simmons est à mon sens un auteur génial capable de vous immerger dans son univers (l'échiquier du Mal, le styx coule à l'envers...)

Un résumé ?
Une expédition se perd dans les glaces à la fin du XIXème. Coincé, l'équipage se retrouve en butte aux attaques d'un prédateur mystérieux.

Au niveau du style et du documentaire : chapeau bas. JD Breque le traducteur a dû faire un travail de titan ce qu'il fait toujours et le style ainsi que la forme sont très prenants, on apprend des tas de choses sur le monde des glaces, sur celui de la marine, sur certaines traditions de ce milieu...


Cependant, trop d'infos tue l'info et quelquefois, voire assez souvent, j'avoue avoir été subrmergé par cette masse de détails qui ne coulait pas de source. J'aime le Dan Simmons du Fils des tenebres qui m'apprend des détails en hématologie et en virologie si mon souvenir est bon au détour d'une page ou deux, de l'échiquier du mal (sauf la scène dans le ghetto qui est chiante et lourde au possible) et là, j'avais l'impression de lire l'écrivain qui me disait "regarde lecteur, j'ai fait des recherches et vlan je te les balance dans ta face. Et ça remplit des pages... Je suis un Maître"
Oui Dan Simmons est un Maître, j'envie sa richesse d'écriture, sa capacité à développer son intrigue, mais en tant qu'aspirant auteur, je pense que si l'auteur fait des recherches, elles doivent couler de source, que le lecteur doit pouvoir les absorber aisément. Et là, désolé, ca ne marche pas toujours.
Enfin pas sur moi. Je relativise.

Alors oui, je n'étais peut-être pas dans l'état idéal pour le lire, même si j'étais plein de bonne volonté.

Mais au bout de 200 pages, mon opinion du moment était ""il fait froid, ils ont voulu braver la nature et ils crèvent"
Ok, j'ai compris, où veut-il m'emmener ? Est-ce qu'il va se passer un truc différent qu'un type qui se fait buter de temps à autre par une créature plutôt sommairement décrite ? Quand les raisons de ce fiasco d'expédition apparaissent, je me suis senti un peu démuni, la mort des persos paraissant inéluctable. On se sent dans le rôle de la non assistance à personne en danger, faute de pouvoir quelque chose et d'un autre point de vue, on se dit "oui et ensuite ?".

Sur les choix narratifs :
Varier les points de vue : ok, bonne idée, mais franchement, j'ai eu une impression de trop, d'autant que parfois les points de vue se rejoignent complètement. Certains personnages ne suscitent aucune empathie, ce qui est voulu je pense. D'autres comme Goodsir sont purement et simplement extraordinaires, jusque dans son comportement exemplaire.

L'irruption de Lady Silence, une esquimaude muette ajoute un peu de mystère et on échafaude des théories que Simmons s'empresse de démonter... Puis l'auteur nous gratifie de reflexions sur le racisme qui prévalait autrefois chez les grandes nations.

La bête, élément du fantastique : L'apparition de la bête était si rare, sans réelle progression dans l'intrigue (elle traque, elle tue, elle mélange les corps, elle mutile) qu'à la longue, elle ne distrayait même plus, n'intriguait plus. Quand on a compris que les balles sont inutiles, on ne se fait plus d'illusions.
Je vous passe la poursuite d'un membre d'équipage par la créature sur plus de dix pages. Les révélations survenant vers la fin (oui, j'ai lu ce pavé en entier) m'ont paru complètement ratées, collés là pour venir expliquer et rappeler que le bouquin prétendait se rattacher au genre fantastique, comme si Dan Simmons n'entendait pas perdre son lectorat fidèle. Alors chouette, il y a de la mythologie esquimaude, mais elle est mal amenée à mon sens. J'ai eu l'impresssion d'être confronté à un narrateur omniscient qui m'amène la révélation en me gratifiant d'un tas de termes inuits en peu de pages.

Et pourtant;
Il y a de bons passages, la référence à Poe.
Il y a aussi un passage qui m'a reboosté, c'est celui de la fuite du camp terreur, là, j'étais scotché, je suivais ces types, je voyais leurs douleurs, le scorbut, les appétits cannibales qui se profilaient et je dévorais (le livre).
Malheureusement, cet engouement est vite retombé...

Donc en conclusion, je dirais que TERREUR est un livre très bien écrit, un documentaire sur une expédition qui tourne mal pour des motifs humains, mais que le côté fantastique est quelque peu plaqué sur cet ensemble et ne fonctionne guère. Voilà, je ne regrette pas de l'avoir lu, mais au risque de paraître un "je ne sais quoi", ce n'est pas non plus le chef d'oeuvre qui s'est attiré 10 commentaires 5 étoiles sur amazon. 3/ 4 étoiles ok, mais pas 5 au nom du fantastique. Si Dan Simmons s'était contenté de me raconter l'histoire du terreur sans la bête, je me serais peut-être davantage régalé.

Cordialement.
Jess

1 comment:

La liseuse said...

C'est toujours une bonne chose de voir des avis différents. Je me fais toujours l'effet d'un extraterrestre quand je dis ne pas avoir aimé Sac d'os de Stephen King et de ne pas être tentée par ses autres livres. Pourtant, j'adore le fantastique. On ne peut pas tout aimé.

Pour ma part, j'ai eu un coup de coeur pour Terreur bien que j'avais quelques craintes à la vue du pavé au départ. Je ne me suis pas ennuyée une seul seconde. Comme quoi !