Sunday, June 14, 2009

Votre Mort nous appartient, Antoine Lencou, Griffe d'encre


Ceci n’est pas une critique motivée par le copinage – si le copinage existait dans le milieu de la sf, cela se saurait non mais !!!! –

Antoine Lencou est un « jeune » auteur de 45 ans à qui l’on doit
1. quelques nouvelles dans des anthos chez Nestiveqnen, Oxymore, Khimaira, Lanfeust Mag (j’en passe et des meilleures car le bougre refuse de faire un site et pour compiler, il faut effectuer des recherches sur Internet… Je m’en vais lui monter une page wikipédia à celui là que ça va pas tarder.),
2. la direction d’une anthologie Les Portes chez Oxymore
3. et deux co-écritures avec votre serviteur (Oui, la seconde paraîtra dans une anthologie l’an prochain. Et toc une info !).
En fait, on a réalisé 3 coécritures mais la dernière est dans le vague pour l’heure. Enfin il s’agit d’obtenir une réponse… Mais vous vous en contrefichez !
Bref voilà, je l’avoue, je connais Antoine Lencou. Il m’a même co-dédicacé son opus « Votre Mort Nous Appartient ». Ah le choc !! J’ai cru qu’il ferait pire, qu’il mettrait Jess le Nain ou un truc dans ce genre car l’Antoine c’est un déconneur de première, un type qui ne se prend pas la tête pour un sou et ça c’est génial… (t’oublieras pas mon chèque à me remettre aux Utopiales.)
Mais parlons plutôt de sa novella.
Votre Mort Nous Appartient, c’est l’histoire de Roïn Venkoo, un gars mal dans sa peau dans un futur lissé, où les rapports sociaux sont hyper limités, où les I.A contenues dans les meubles devancent vos désirs, d’Olcéana, sa compagne pleine de vacuité qui joue les artistes en quête d’absolu et d’un chef d’entreprise pourri jusqu’à la moelle…
Roïn est si mal dans sa peau qu’il veut se suicider. Or dans ce futur, impossible de mettre fin à ses jours sans autorisation administrative et c’est là que tout dérape… Roïn passe outre, il est ressuscité et condamné à l’équivalent de nos T.I.G… Débute pour lui une enquête qui pourrait bien remettre en cause les fondements de l’ordre social.
Antoine Lencou est un auteur à part car il refuse la filiation avec ses prédécesseurs. Il a lu, il a assimilé, mais il ne l’étale pas sur les murs. Son inspiration à lui, celle qu’il assume, c’est l’automate qui vous dit « merci » après que vous lui ayez payé votre essence, le distributeur de billets, l’obséquiosité poussée à son paroxysme et la fausseté que l’on trouve dans les rapports humains. C’est aussi un sens aiguisé de l’ironie, de l’humour noir ou de l’humour à deux balles qui fait mouche. Parce qu’Antoine Lencou n’a qu’une envie : nous offrir un bon moment en compagnie de ses personnages et il ne s’en cache pas.
Si l’on bafferait volontiers son héros au début tant il est mou, l’empathie s’installe puis on le suit avec un réel plaisir, subissant un poison en guise de compagne, une tripotée de meubles intelligents qui le prennent de haut et avançant dans sa vie malgré le peu de goût qu’il éprouve pour l’existence. Le futur dépeint par le Père Lencou n’est pas celui du catastrophisme habituel ; c’est au contraire un univers tranquille, policé, où chaque geste, chaque comportement est anticipé, où les humains télétravaillent et refusent de se déplacer. Où Roïn apparaît comme un anachronisme, une hérésie.
Confronté à certaines découvertes, il va commencer à évoluer, à se réveiller… A jouer avec le système à son tour.
Disons le d’emblée certains passages sont tordants, la truculence des meubles ravit le lecteur. On nage parfois dans le non-sens avec un plaisir véritable. Ayant lu la première version de cette novella, je peux vous certifier qu’un véritable travail éditorial a été réalisé par le staff de Griffe d’Encre, que l’on bouquine ce livre avec un plaisir perpétuel et qu’on n’a pas trop envie de le lâcher. Le style est fluide, agréable, les dialogues font mouche.

Pour commander le livre, c'est chez griffe d'encre
(j'ai pas trouvé le lien sur amazon, mais dès que je le rajoute, faut essayer de payer l'hébergement du site zut !)

Pour faire le râleur, sinon on va m’accuser de copinage avec Griffe d’Encre, je dirai juste que certains dialogues auraient gagné davantage en efficacité s’ils avaient été réduits… Mais bon si vous avez envie de passer un bon moment, lisez l’Ankou, euh Lencou !!! Antoine de son prénom. C'est drôle, c'est frais, c'est fun...

1 comment:

Lucie said...

"quelques nouvelles dans des anthos chez Nestiveqnen, Oxymore, Khimaira, Lanfeust Mag (j’en passe et des meilleures...)"

Oui, tu passes les meilleures, chez Glyphe ;-)