Wednesday, August 30, 2017

Meurtres pour rédemption, Karine Giebel

Marianne de Gréville. 21 ans, condamnée à perpet' avec une peine de sûreté pour meurtres.
Une gamine qui a suivi le mauvais gars et que la société a condamnée.
Une meurtrière, une bombe à retardement,coincée entre quatre murs
Condamnée à s'imposer dans un milieu où la violence prévaut.
Violence des autres détenues, violence de l'institution.


Et s'il existait un moyen de sortir de ce milieu sans espoir ?


Marianne de Gréville : voilà un personnage que je n'oublierai pas.
Avec elle, on retrouve l'ambiance de Midnight express. La prison, l'univers carcéral où les plus forts s'imposent, où pour exister il faut s'imposer, quitte à tuer. Un univers avec ses codes, ses déviances.Où les uniques portes de sortie sont la drogue, les promenades...
Un univers qui broie aussi lorsque la punition tombe, le mitard, les fouilles au corps...

A la base, Marianne n'a rien d'une enfant de choeur (on la condamnerait volontiers si on était juré, tueuse de flics, de vieille personne), pourtant Karine Giebel sait faire naître notre compassion et notre empathie. Elle nous interroge aussi sur cette violence qui naît parfois, que notre société ne sait pas canaliser.

Car une fois entre quatre murs, quelle rédemption possible pour cette jeune femme violente ?
Terrifiante par certains aspects ?
Désireuse de vivre alors qu'elle a tué et que la société l'a condamnée à être exclue ?

Outre la relation aux détenues, la romancière nous montre l'institution pénitentiaire, gérant la surpopulation, oscillant entre gardiens tortionnaires et gardiens compatissants.. (certains diront qu'elle ne présente pas des gardiens ayant peur des représailles)
Ou gardiens tentant de contenir la bête, comme Daniel le surveillant chef qui profite de sa position pour obtenir de la détenue des faveurs sexuelles jusqu'à....

Et puis il y a l'autre aspect du roman : Marianne extirpée de son milieu pour exécuter des personnes.
Je n'en dis pas trop pour ne pas déflorer l'intrigue.
Là encore, après la prison, que peut devenir cette femme ?
Peut-elle recouvrer la normalité alors que ses valeurs ont été déformées, distordues par des rencontres ?

Meurtres pour rédemption est donc comme un opéra en plusieurs intrigues, un roman à tiroirs.

Chez Giebel, la plupart des mecs sont de beaux salauds...
Mais, il y a toujours un mais.
Une évolution se fait jour.
Ce roman m'a fait penser à un chemin de croix, à des stations que l'on franchit (comme les trains qui passent marquent ces moments), à une quête de quelque chose qui nous fait parfois défaut : l'humanité.
Car Marianne la criminelle va révéler cette humanité chez pas mal de ces personnages. Les faire évoluer, être en adéquation avec eux-mêmes, même si la rédemption n'est souvent qu'une étape avant la mort, comme si après avoir été tourmenté il fallait passer à une autre existence.
Comme si cette existence était le purgatoire où l'on doit se laver de ses fautes et le laisser aux pires engeances...

CE ROMAN EST UN CHEF D OEUVRE.
987 pages pour réfléchir, se poser des questions, dans un thriller.
Bravo.


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