Tuesday, June 14, 2016

Le chemin s'arrêtera là, Pascal Dessaint

Ils sont une poignée, des petits blancs vivant près d'usines, au bord de la mer...
(non loin de la digue du break ai je envie de rajouter en originaire de Dunkerque.)
Pauvres, chômeurs, ce sont des exclus du système qui ont constitué une microsociété où l'on se côtoie... Où chacun recèle ses souffrances, ses secrets.



Pascal Dessaint nous emmène dans un paysage de tristesse. Une côte sauvage bouffée par la présence d'usines. Une côte où ne vivent que ceux qui ont subi des aléas de la vie...
Une côte non loin de la centrale nucléaire de Gravelines, ai je envie de rajouter, même si nulle part il n'est fait mention de nom, ce qui ajoute à la force de ce roman.




Car ce roman, c'est une peinture sociale efficace, le genre de livre que l'on devrait faire lire à certains de nos puissants. Il y est question de fracassés de la vie, de gens qui ont conscience que pour s'extirper de leur condition, il faut partir d'encore plus loin que les autres, de gens qui ont cessé de vivre pour survivre. De gens qui se résignent.
Dans ce paysage, on va les suivre quelque temps, s'immiscer dans leur intimité jusqu'à ce que les drames se nouent. Car comment pourrait-on vivre normalement ici ?

Pascal Dessaint montre des âmes glauques, d'autres qui aspirent à autre chose, mais auxquelles on renvoie toujours des modèles qui ne leur conviennent pas... Il n'est pas complaisant avec ses personnages, les montrant sous leur vrai jour, parfois une petitesse d'âme, parfois une incapacité à communiquer.

Le seul reproche que je lui ferai, c'est peut-être d'avoir trop bien écrit les pensées de ces personnages brisés, d'avoir associer le bon mot à l'idée... Je veux dire par là que ces personnages évoluant à part perdent normalement le langage normé pour le modifier.
Mais ce choix n'est nullement dommageable à l'oeuvre.
On se prend au jeu et on ne peut que regretter cette exclusion source de tous les maux.

C'est superbe, brillant... Glauque, mais juste surtout.

Bonne lecture

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