Il y a quelques mois déjà, j'avais chroniqué CODE 93 d'Olivier Norek. J'avais écrit, je cite, " Bref un très bon livre, je ne dirai pas excellent (pas encore)"
ça se passait ici
J'avais rencontré l'auteur ensuite à Templemars et nous avions discuté. Il avait apprécié me semble-t-il ma justesse (en tout cas, il n'a pas essayé de me dézinguer), car c'est ce qui préside à ce blog. Dire mon ressenti de lecteur.
Aujourd'hui me voici devant vous pour parler de Territoires.
Territoires, c'est l'histoire de Malceny,une cité du 9/3, misère, chômage, précarité et violences liées à un trafic de drogue qui évite à la société de voler en éclats. Parler d'économie souterraine voudrait dire qu'elle est ignorée, mais dans les faits ce trafic, c'est ce qui fait vivre certaines familles (en plus des aides d'état). C'est ce qui évite aux désoeuvrés de foncer dans Paris et d'y opérer des razzias.
3 trafiquants locaux ont été trucidés, pour quel motif ? Qui va les remplacer ? Autant de questions auxquelles vont se retrouver confronter Victor Coste et son équipe sur fond de politique malsaine et d'environnement hostile.
D'emblée, le ton et le tempo sont donnés. C'est mené tambour battant, on s'accroche, on veut savoir. Olivier Norek joue les orfèvres. Mieux les horlogers de l'écriture. Aucun chapitre inutile, l'action s'enchaîne, c'est précis comme une série, millimétré. Très très bien mené. On ne s'ennuie pas une seconde.
Puis apparaissent les protagonistes, les petits caids, les victimes qui sont là au mauvais endroit, au mauvais moment.
Une scène très hard m'a ébranlé, on se serait cru dans un livre de Karine Giebel, mais ce n'est pas une scène gratuite, elle sera à mettre en parallèle de l'émotion médiatique. Car Olivier Norek a vraiment superbement construit son roman, mettant en scène des personnages réalistes. Je pense à Bibz le caïd de douze ans. Mais douze ans dans un monde violent, ce n'est pas douze ans.
Au milieu de cette société déliquescente, Coste et son équipe font ce qu'ils peuvent, ils sont les flics, un vestige d'état dans des territoires à l'abandon. Car Malceny n'est qu'un reflet de ces quartiers où clientélismes, économies du crime empêchent l'espoir de revenir.
Dans Code 93, Norek avait déjà sonné la charge contre ces élus corrompus au contact du pouvoir. Il nous offre ici le personnage de Vesperini, une mairesse élue avec si peu de voix qu'elle est obligé de pactiser avec le diable pour se maintenir en place. achats de voix, subventions détournées... "Avec 22 % des suffrages, je ne représente rien" dit-elle à un moment donné.
C'est sombre, c'est glauque, c'est violent, on dirait du Michel Vigneron.
Mais pourtant au milieu de cette noirceur, de cette société pourrie par la drogue, l'abandon, un état distant qui arrose lors d'émeutes pour obtenir la paix (pour combien de temps encore ? et à quel prix démocratique ?), il y a Coste, ses flics et un peu d'espoir...
L'enquête nous immerge dans des quartiers, depuis les associations soumises aux volontés municipales, aux intérieurs d'appartement, d'immeubles, dans les rues, dans des bagnoles de flics et on cherche longtemps qui entend régenter les territoires...
Jusqu'à ce final tonitruant.
TERRITOIRES EST UN SECOND ROMAN FORMIDABLEMENT CONSTRUIT / SANS TEMPS MORT / EFFICACE ET QUI INTERROGE : il démontre que les auteurs s'installent sur le temps avec des gens compétents pour les chapeauter. On comprend donc aisément qu'Olivier Norek sera une voix qui va compter dans les années à venir. Un auteur talentueux. Je vais juste faire mon ch.... pour conclure, gare à ne pas nous resservir ce milieu des politocards et à nous surprendre encore.
Chers lecteurs du blog, le prochain NOREK c'est pour avril 2016 !
derniere chose contrat pleinement réussi, Monsieur Norek. EXCELLENT ROMAN;
ps : il est évident qu'Olivier Norek ne m'a pas arrosé pour obtenir cette chronique, qu'il n'a pas menacé mon chat...
1 comment:
Quel bel hommage ! Je partage tout tant sur "Code 93" que sur "Territoires" bien sûr.
J'ai aimé les deux et Olivier Norek va crescendo j'ai hâte de lire le suivant.Merveilleux auteur et en plus fort sympathique.
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