Michel Vigneron est un auteur à qui l'on doit plusieurs polars bien trash parus à l'époque chez ravet anceau (le puits de la perversion, boulogne K, loin des romans policiers planplan), mais il a aussi écrit le premier opus de l'embaumeur Harpicide à l'atelier Mosesu.
Un vent printanier est paru chez ce même éditeur.
Un vent printanier, c'est l'histoire de retrouvailles, 50 ans après la rafle du Vel d'hiv, retrouvailles entre une gamine juive et un flic qui faisait le """"sale boulot"""" à l'époque.
Peu à peu, les souvenirs vont affluer pour nous faire revivre ces journées si tragiques, reflets d'une époque tourmentée.
Avec tact et beaucoup de retenue, Michel Vigneron nous fait pénétrer dans l'intimité de familles juives, mais aussi de flics, ceux qui obéissent sans réfléchir, par conviction, ceux qui se posent des questions. Car réduire la collaboration à l'ensemble de la population française n'a pas plus de sens que réduire la résistance à certains groupes d'abord silencieux. Il suffit de lire un peu sur le sujet pour s'en rendre compte.
Bref on entre de plein pied dans une période inimaginable avec notre mentalité d'homme ou de femme de 2015. Une rafle décidée par les autorités de Vichy, des familles parquées dans des conditions inhumaines. Chaleur étouffante, aucun soin, des chiottes bouchés dès le départ, une odeur de mort, des suicides...
Tout est évoqué, mais j'ai trouvé que Michel Vigneron aurait dû aller encore plus loin dans cette évocation avec une ou deux scènes plus violentes encore, histoire de marquer les esprits.
Un vent printanier est un ouvrage salutaire, un acte de mémoire, une volonté de ne pas entrer dans le domaine manichéen.
C'est l'histoire touchante d'êtres rattrapés par une politique innommable, laquelle ne trouvait presque pas d'échos dans la population, une politique permise par le silence et la peur.
Plus efficace que tous les cours d'histoire, un ouvrage à lire, pour réfléchir, pour discuter.
Pour ne plus revivre ça ?
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