L'ayant découvert en 92/93 (au siècle dernier) donc, j'ai trouvé en lui un auteur à part dans les littératures de l'imaginaire, un homme capable de s'approprier les mythologies du monde, de les détourner et de nous offrir des romans de pure terreur. Masterton a été bercé par Lovecraft, Poe, et à l'occasion leur fait quelques emprunts.
A la fin des années 70, il a entamé la série des Manitou. Ces romans mettent en scène le sorcier indien Misquamacus, bien décidé à purifier la terre de ses ancêtres de ces fichus hommes blancs.
Malheureusement pour lui, Misquamacus va se retrouver confronté à un médium charlatan nommé Harry Erskine et à d'autres ennemis. Au fil des tomes, Erskine, ce anti héros, roublard, dragueur... humain dans les réactions devient le protecteur des hommes vivants.
Avec Peur Aveugle, on entre dans le cinquième tome de cette saga.
J'avais déjà dit tout le bien que je pensais du tome 4 mettant en scène les strigoï, mais cette fois Masterton m'a encore bluffé.
En effet dans le cinquième opus, de nombreux hommes blancs perdent la vue de façon subite, ce qui provoque un ensemble de catastrophes à travers le pays. Avions qui tombent sur des villes, carambolages... En peu de temps, les USA se retrouvent quasiment paralysés sans savoir d'où vient la menace.
Dans ce roman, on sent l'écho des peurs nées du onze septembre. Le "mon dieu" poussé par le témoin d'un crash m'a renvoyé à cette femme qui assiste au crash d'un des avions sur les tours du WTC.
Brusquement la technologie sur laquelle repose la civilisation blanche devient inutile, dangereuse car incontrôlable... La haine des uns envers les autres éclate au grand jour, révélant les pires passions.
Mais cette fois Masterton ne se complaît pas dans les scènes violentes, elles servent le propos. Le sexe qui gâchait quelquefois ses précédentes histoires est occulté au profit d'une réelle efficacité.
Et puis Masterton est capable de vous écrire un roman avec des intrigues d'abord parallèles... Et en quelques chapitres de susciter de l'empathie pour ses héros.
L'humour d'Erskine, quelques moments forts, les rêves de revanche de Misquamacus : autant d'éléments clefs de ce roman...
Congratulations Mister Masterton!
note à l'éditeur : continuez de ressusciter la collection Terreur, mais faites gaffe, il y a quelques cafouillages au début du livre (des symboles) , deux mots collés et une faute d'orthographe patente (mais quand le bouquin est bon, je ne note pas ces détails !)
1 comment:
J'avais passé un bon moment avec le 1er Manitou, mais n'avez pas été attiré par les 2 premières suites.
Par contre, les 2 dernières me tentent bien.
"Dans ce roman, on sent l'écho des peurs nées du onze septembre."
Ça m'intéresse.
(Dans l'article de Jeff Vandermeer, "Horror : Dead Or Alive ? A Discussion of the Current Horror Malaise", était évoquée le manque d'audace de certains auteurs à embrasser, disons, l'actualité mondiale de la terreur; je partageais ce regret.)
"note à l'éditeur : continuez de ressusciter la collection Terreur [...]"
Et n'attendez dix ans avant de passer ces Masterton en poche chez Milady...
(Si Fazi a trouvé un chemin de traverse via FolioSF, quid de Ketchum ?)
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